Jeudi prochain, la salle Ibn Zeydoun abritera une belle rencontre artistique mêlant la mélodie du verbe à la musique... La fin de l'année 2003 a vu la concrétisation du jumelage entre les villes de Bordeaux et Oran. Pour marquer cet événement qui coïncidait avec l'Année de l'Algérie en France, Jean-Jacques Quesada, saxophoniste français né à Oran, a créé à Bordeaux un projet artistique pour rendre hommage à Oran et à l'Algérie. Un pont d'amitié, de paix et de fraternité entre les deux rives de la Méditerranée. C'est sous le signe de l'art et de l'échange culturel que ce projet est apparu. Il mêle musique, lecture et projection de cartes postales anciennes de la ville d'Oran. Intitulé Oran, correspondances retrouvées, le spectacle programmé pour la soirée de jeudi 2 décembre à 19h à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth, s'appuie sur les textes d'une des grandes figures de la littérature algérienne, Assia Djebar. Un choix qui n'est pas fortuit lorsqu'on connaît le texte que signera cet auteur d'origine cherchelloise, Oran, langue morte. Oran, ville vivante, ville «joyeuse», a été portée les 3 et 4 décembre de l'an dernier sur la scène de la salle capitulaire de la cour Mably à Bordeaux, par le truchement d'une voix féminine et ce, grâce à l'association Soho Music. Le saxophoniste Jean-Jacques Quesada a choisi pour l'accompagner sur scène, l'actrice Eléonore Briganti qui lira le texte d'Assia Djebar. Elle sera appuyée par l'enchantement musical de deux musiciens traditionnels, Sofiane Negra au ôud et Adel Shams El-Din aux percussions. Ce dernier est une des meilleures références dans le monde oriental. C'est entre autres, l'un des piliers du grand ensemble Al-Kindî. Sa parfaite maîtrise des cycles rythmiques les plus complexes en font un interprète respecté du riqq (tambourin à cymbalettes). Reconnu très tôt dans son pays, Sofiane Negra a participé à de nombreux festivals internationaux et a enregistré aussi bien en duo (piano, oûd) qu'avec des formations plus larges, notamment avec les derviches tourneurs de Syrie ou la musique arabo-andalouse. Le répertoire qui sera joué est essentiellement axé sur la musique traditionnelle du Maghreb et du Moyen-Orient, auquel Jean-Jacques Quesada a apporté des compositions originales. Un montage de cartes postales d'Algérie au début du siècle est projeté lors du spectacle. Une sorte d'interactions visuelles et sonores pour créer une ambiance et contribuer à la réussite de la fresque. Une rencontre artistique qui se décline sur le terrain de l'improvisation, commune à la musique traditionnelle orientale et au jazz. Une expérience que le musicien-organisateur compte récidiver à Alger. Compositeur et pédagogue, Jean-Jacques Quesada a joué avec Steve Lacy, David Liebman et dirige aujourd'hui ses propres formations. Il a participé parallèlement à des projets avec la danse contemporaine, le théâtre ou la littérature. Il a fait de nombreuses expériences avec la world music. Son projet avec des musiciens gnaouas du Maroc à Essaouira a été sélectionné parmi «les 300 plaisirs de la rentrée» en septembre 1999 par le magazine Télérama.