«Le phénomène risque de mettre en péril l'économie nationale» Les lenteurs administratives pénalisent les industriels. Invité, jeudi, aux «débats» du FCE, le DG des douanes, Kadour Bentahar, a révélé que les infractions à la législation des changes restent un problème majeur en Algérie. «Les montants transférés sont énormes. Le phénomène risque de mettre en péril l'économie nationale», a-t-il confié avant que le responsable de la communication des douanes, Yacine Tanem, ne précise que 40 milliards de dinars ont été transférés illicitement au cours des six premiers mois de 2015, ce qui représente un taux important par rapport aux importations effectuées durant la même période et qui se chiffrent à environ 40 milliards de dollars. M.Bentahar a également évoqué le point relatif aux opérateurs économiques agréés en pointant du doigt certains d'entre eux. Il a,dans ce sens, annoncé que le nombre actuel des opérateurs économiques agréés est de 200 et qu'il est appelé à atteindre 300 d'ici fin 2015 en expliquant que des réticences sont enregistrées au niveau de certains chefs d'entreprise qui ont peur du contrôle fiscal et qui, à ce titre, affichent une certaine réticence. Néanmoins, il s'est dit déterminé à lancer des actions de vulgarisation afin d'informer les opérateurs sur les avantages accordés dans le cadre du statut d'opérateur économique agréé, notamment auprès de ceux qui sont «peu favorables à la transparence» dans la gestion de leurs finances. Par ailleurs, profitant de cette sortie publique, M.Bentahar a, au long de quelques bons quarts d'heure, dit tout le bien qu'il pense de l'institution qu'il dirige et de ses ambitions en matière de modernisation. En effet, il a indiqué que les douanes passent désormais à une organisation fonctionnelle, à travers laquelle elle améliore son organisation pour recentrer l'exercice de la mission douanière. Il a également fait savoir que les douanes mettront en oeuvre, dans le cadre de leur programme de modernisation à l'horizon 2019, des procédures douanières simplifiées et personnalisées permettant de réduire davantage les délais de dédouanement. Une re-dynamisation des régimes douaniers économiques (RDE) a été également engagée, a-t-il indiqué, en vue de favoriser le développement de certaines activités, notamment celles orientées vers l'exportation. Par ailleurs, M. Bentahar a souligné que les services des douanes s'apprêtent aussi à améliorer la gestion des risques de fraude et aligner le niveau d'information au niveau de toutes ses directions régionales et au niveau des frontières et à mettre en place de nouveaux projets, notamment la signature, à partir de janvier 2016, de trois accords bilatéraux avec des pays partenaires de l'Algérie, dans le cadre de l'Assistance administrative mutuelle internationale (Aami), à savoir la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et la Malaisie. Ces chantiers, le ministre des Finances n'a pas manqué de les évoquer, le même jour, devant l'Assemblée populaire nationale. En effet, Abderrahmane Benkhalfa a déclaré que le nouveau texte législatif vise à rendre les procédures douanières «plus simples et plus souples» et le contrôle «plus efficace».Selon lui, le système de contrôle, dans la prochaine mouture, sera basé sur l'anticipation des risques à travers un échange d'informations à l'international qui permet d'anticiper qu'une marchandise ou un passager sont suspects avant même leur arrivée en Algérie. Dans le même sens, le grand argentier du pays a aussi déclaré que le projet du nouveau Code des douanes va introduire des facilités pour le dédouanement des marchandises et des bagages des voyageurs avec une amélioration des prestations et une réduction des délais des procédures. Dans ce sens, le ministre a avancé qu'une grande place serait consacrée au dispositif du «couloir vert» qui dispense du contrôle douanier en amont et permet, donc, une économie de temps. Néanmoins, les assurances du DG des douanes et du ministre des Finances ainsi que leurs «professions de foi» ne semblent pas avoir gain de cause. En effet, les patrons du FCE se sont montrés très critiques à l'égard de l'administration douanière algérienne qu'ils jugent «obsolète» et n'ont, d'ailleurs, pas hésité à indexer les lenteurs des procédures administratives, du manque d'informations et des incompréhensions concernant les positions tarifaires lors de l'importation de certains produits et à crier au scandale. Certains patrons ont même déclaré que, parfois, il est beaucoup plus facile d'importer des produits à revendre en l'état que d'importer des matières premières. Ceux-ci ont aussi relevé un point qui reste très problématique dans le domaine de l'importation: le régime douanier qui réserve à l'importation de la matière première destinée à la transformation le même traitement que celui réservé aux importateurs de marchandises destinées à la revente en l'état. Sur ce point, la démarche des douanes a été vigoureusement dénoncée par les patrons qui recommandent à ce qu'un traitement distinct soit réservé aux produits destinés à alimenter l'industrie nationale.