De plus en plus de jeunes quittent leur région natale pour une vie meilleure en ville L'Algérie au même titre que les pays développés ou en voie de développement assiste impuissante à la migration de ses populations vers les villes. Un phénomène qui pénalise le travail de la terre. La campagne se vide au profit des grandes villes. Un schéma classique qui remonte au moins au début de la colonisation lorsque les Algériens ont commencé à être spoliés de leurs terres dont ils tiraient l'essentiel de leur subsistance. Le phénomène s'est accéléré avec cette spoliation et s'est ensuite accentué depuis l'accession du pays à l'indépendance. Les campagnes ne faisant plus vivre ou pas assez, les villes ont été prises d'assaut par des millions de citoyens qui fuyaient la misère en quête d'un salaire régulier. Un cliché certes. Il était cependant utile d'en renvoyer l'image pour comprendre que l'actuel problème de logement dont souffre le pays ainsi que son addiction aux importations de produits de consommation de base, notamment en ce qui concerne les produits agricoles (céréales, légumes secs, lait, pomme de terre...) tire ses origines bien entendu de sa démographie galopante, mais surtout de cet exode rural massif qui a donné lieu à un surpeuplement des métropoles. Sous l'effet combiné de ces deux phénomènes, toute une organisation sociale allait être chamboulée alors que la problématique de l'opposition ville-campagne allait se poser de façon cruciale pour rendre compte de la fragilisation du secteur de l'agriculture, si ce n'est pas le mettre carrément en péril. L'Algérie au même titre que les pays développés ou en voie de développement assiste impuissante à la migration de ses populations rurales vers les villes. Un phénomène qui pénalise le travail de la terre. La campagne se vide lorsqu'elle n'est pas la convoitise de promoteurs immobiliers qui la transforment en béton. Ceux qui la travaillent vieillissent, alors que leurs enfants rechignent à reprendre la propriété familiale. La vie y est dure et les revenus insuffisants. Les fellahs qui cèdent leur production à des prix dérisoires la voient atterrir entre les mains de spéculateurs qui sans s'être foulé le poignet en tire des bénéfices exorbitants. Dans ces conditions, l'attrait de la ville devient irrésistible. Faire des études devient indispensable afin de s'y installer. De plus en plus de jeunes quittent leur région natale pour une vie meilleure en ville. Comment la rendre plus attrayante pour que cessent ces mouvements de population somme toute légitimes? Peut-on leur offrir les mêmes privilèges que ceux que font miroiter Alger, Oran, Annaba, Constantine ainsi que d'autres villes d'Algérie? Le gouvernement a pris une série de mesures pour sédentariser les populations rurales. «Nous oeuvrons à faire profiter les travailleurs du secteur agricole de toutes les conditions et avantages, à savoir la protection sociale, la retraite et les cotisations par tranche, en veillant à améliorer leur situation économique, en coordination avec les autres secteurs pour les inciter à opter pour le secteur agricole et partant drainer davantage de main-d'oeuvre», a déclaré le 18 octobre, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi. L'Algérie est à la croisée des chemins. Trop dépendante de son pétrole dont les prix sont au plus bas, elle doit diversifier son économie. L'agriculture étant un des fers de lance de cet objectif. «Le secteur fait face à un défi majeur pour sa pérennisation et la vulgarisation des activités agricoles et de la pêche dans un souci d'impliquer les différentes catégories à même de participer aux efforts de développement et de garantie de la sécurité alimentaire du pays», a fait constater le ministre. Cet appel sera-t-il entendu quand on sait que l'appât du gain facile a été érigé au rang de culture, alors que rien n'a été fait pour valoriser le travail de la terre et des filières du secteur agricole? Il va falloir très certainement plus que cela pour apprécier la valeur de la terre nourricière. Il faudrait que toute la société se remette en question pour revoir le mode de vie actuel sur lequel elle repose. Inverser une échelle des valeurs bâtie sur «l'artifice et le clinquant» qui l'a complètement désarticulée. L'image renvoyée par nos villes et nos villages parle d'elle-même...