Au moment où l'ONU (Organisation des Nations unies) célébrait le 70e anniversaire de sa fondation, son secrétaire général, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, se trouvait au Proche-Orient, plus précisément en Israël et dans les territoires palestiniens occupés dont la population est l'objet d'un massacre systématique de l'armée d'occupation israélienne. Quelle initiative a-t-il pris pour mettre un terme à l'assassinat d'un peuple désarmé? Ban appela Israël et les Palestiniens à la «retenue» plaçant au même niveau la première armée conventionnelle du Proche-Orient et une population qui se défend avec des cailloux et des couteaux. Oui, avec des couteaux, mais à ses yeux, comme à ceux du président états-unien, Barack Obama et son chef de la diplomatie, John Kerry, ce sont encore ces Palestiniens avec leurs cailloux qui sont les plus dangereux. De fait, les médias occidentaux accordent plus d'importance au soldat israélien blessé par un couteau palestinien qu'aux dizaines de Palestiniens - dont de nom-breux enfants - morts sous les balles des soldats de l'occupation. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu [celui-là même qui rejeta les Accords d'Oslo de 1993] a donné carte blanche à sa soldatesque dans les territoires palestiniens occupés. On pouvait estimer que, à tout le moins, le secrétaire général de l'ONU allait condamner officiellement et publiquement ce pousse-au-crime du dirigeant israélien. Il n'en fit rien, se rendant du coup, quelque part, complice des crimes commis contre les Palestiniens. Le dossier palestinien traîne depuis le 29 novembre 1947 [deux ans après la création de l'ONU] suite au partage arbitraire de la Palestine entre sa population autochtone (les Palestiniens chrétiens, musulmans et juifs) et des entités juives, victimes de pogroms en Europe, exportées au Proche-Orient. Comme la SDN a été incapable de protéger les juifs d'Europe du nazisme, l'ONU de même s'est avérée inapte non seulement à protéger le peuple palestinien des exactions de sionistes usurpateurs de la Palestine historique, mais aussi à faire appliquer la résolution 181 II de 1947. 68 ans après le scandaleux partage, les Palestiniens sont encore à chercher à créer leur Etat, au moment où Israël est devenu la première puissance du Moyen-Orient. Comme sa devancière SDN - qui n'a pu prévenir la montée du nazisme et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale - l'ONU a failli à son mandat de protéger les peuples sous domination étrangère (les Palestiniens et les Sahraouis en témoignent) et contre les puissants. A propos de la SDN, le Comte de Saint-Aulaire assurait en 1936 «[...] ce ne sont là que peccadilles vénielles à côté du péché mortel seulement pour les peuples qui croient en elle: l'organisation de l'insécurité collective que, par application de son seul principe immuable, le travestissement de toutes choses en leur contraire, elle appelle la sécurité collective. Là est l'origine des catastrophes actuelles...» (cité par Jean-Michel Guieu dans son livre. L'«insécurité collective» l'Europe et la Société des Nations dans l'entre-deux-guerres). Les Palestiniens ont cru en cette ONU dont l'échec définitif est celui de son impuissance à rétablir les Palestiniens dans leur droit. De fait, l'ONU cumule toutes les tares de la SDN, la rendant inapte à s'élever au-dessus des contingences par l'imposition de sa Charte fondatrice et le droit international à tous. De ce point de vue, Israël a été placé sur un piédestal auquel la Charte de l'ONU et le droit international ne s'appliquent pas. Israël n'a même pas appliqué ni respecté la résolution qui lui donna naissance, qui proclama son indépendance (le 8 mai 1948) six mois avant son entrée en vigueur. Il était sans doute loisible, en ce 70e anniversaire de l'institution internationale, de revenir sur son indispensable réforme et plus singulièrement sur celle de son Conseil de sécurité principale source de blocage et d'échecs de nombre de missions de l'ONU. Mais, ce qui se passe depuis quinze jours dans les territoires palestiniens sans que l'ONU ne prenne des mesures adéquates contre les agressions répétitives israéliennes a disqualifié cette institution et la réforme de l'ONU ne semble plus d'actualité. Paravent de ce qui se fait en son nom, ou pire, couvrant les crimes que les puissants commettent contre les peuples, cette ONU doit simplement disparaître. On pouvait s'attendre à ce que l'ONU défère les Etats-Unis et George W. Bush devant la CPI pour crimes de guerre et contre l'humanité en Irak en 2003. Il n'en fut rien. L'ONU qui dépend financièrement de ses Etats membres (en particulier les grandes puissances) et ne dispose pas d'une armée en propre (pour faire appliquer ses résolutions) ne pourra jamais jouer le rôle pour lequel elle a été créée. Or, les conflits dits de faible et moyenne intensité prolifèrent dans le monde, induisant de véritables guerres par procuration entre les grandes puissances rappelant le climat délétère qui prévalait dans les années 1930 annonçant la Seconde Guerre mondiale. En 2015, nous sommes en fait dans cette ligne.