Les patrons des entreprises affichent une évidente ambition d'extension. Le centre des affaires de Riadh El-Feth abrite depuis avant-hier, une manifestation économique. Inaugurée sous la dénomination «La foire de l'industrie El-Djazaïr 2004», cette initiative a drainé quelque 87 entreprises, entre publiques et privées, avec en prime, la participation d'opérateurs venus de ce qui est communément qualifié de pays du sud, à l'image de l'Inde, du Sénégal, de la Syrie et de la Palestine. Principalement animée par des PME, la foire constitue un échantillon fort intéressant sur le niveau de développement de la petite industrie nationale qui, au vu, des participants, donne l'air de bien négocier sa part de marché. Avec pas moins de 38 exposants à cette manifestation économique, le secteur de l'agroalimentaire passe pour être le plus dynamique. Venus principalement pour réaliser de bonnes ventes durant la semaine que durera la foire, les patrons de ces PME n'en affichent pas moins des ambitions évidentes d'extension. Il en est ainsi de plusieurs fromagers qui emploient chacun entre 90 et 120 travailleurs et qui donnent une nette impression de ne pas se satisfaire de leur part de marché, en investissant pour les uns dans la qualité et pour d'autres, dans l'élargissement de la gamme de produits qu'ils proposent au consommateur. Nombre d'entre-eux, encore inconnus du grand public, affirment paradoxalement ne pas souffrir de mévente, assurant même que leurs unités travaillent à plein rendement. «Pourquoi faire de la publicité, alors que tout ce que je place sur le marché trouve preneur?» s'interroge à bon escient un fabricant de fromage, dont l'entreprise est dans une logique de diversification de ses produits. Le même schéma s'applique aux charcutiers, venant des quatre coins du pays et qui disent, pour nombre d'entre-eux, avoir fait le déplacement à Riadh El-Feth, non pas pour décrocher de nouveaux marchés, mais pour faire un bon chiffre de vente simplement. L'un d'eux, préoccupé surtout par la rentabilisation du petit investissement qui a consisté en la location de son stand, n'en rêve pas moins de voir sa production traverser la Méditerranée en direction de l'Espagne et la France, notamment. «Début 2005, mon cacher sera, Inchallah, vendu en Europe». Ce patron de charcuterie qui emploie quelque 20 personnes dit être en contact avec des émigrés algériens établis en France qui sont tombés presque par hasard sur le filon du cacher bien de chez nous. La perspective de l'exportation ne semble néanmoins pas constituer la préoccupation majeure des opérateurs nationaux d'agroalimentaire, bien que tous, affirment n'avoir aucune peine à faire de bonnes affaires. Le seul opérateur, très sérieusement tourné vers l'exportation, est l'entreprise Iso 9 international qui fabrique les barres chocolatées de marque Isser. Cette entreprise, née en 2000 et qui emploie 120 travailleurs, a l'intention de tripler ses effectifs, grâce à des contrats d'exportation vers la France, Dubaï, la Libye et l'Iran. Une dynamique qui semble tout de même minoritaire dans la sphère économique nationale, dont la préoccupation de l'heure est surtout orientée vers la satisfaction du marché local, sans plus. Il ressort, à voir l'échantillon d'opérateurs présents à la Foire de l'industrie El-Djazaïr 2004, que le secteur de l'agroalimentaire se porte très bien, avec en plus, un taux d'intégration de la matière première assez important, aux dires des exposants qui, presque tous, affirment ne pas recourir à l'importation dans le process de fabrication de leur produit. L'engouement pour cette branche de l'économie nationale est tellement fort qu'il ne laisse pas indifférents les jeunes qui, à l'image de Kaïser biscuiterie, née de l'Ansej fait travailler 4 jeunes. Venant de Constantine, cette petite entreprise fabrique des biscuits d'excellente qualité, à 100% algériens. Cette dynamique ne fait malheureusement pas l'unanimité à Riadh El-Feth. En effet, le secteur de l'électroménager, présent à la foire avec 4 sociétés, n'affiche pas le même optimisme. Les exposants qui, pour la plupart, ont triste mine, disent lutter à armes inégales face à la double concurrence des produits du sud-est asiatique et du commerce parallèle, très présent sur le marché. Europgroupe et Electro Meda qui font le montage et la commercialisation de la marque Robotic en Algérie, font du surplace en termes de chiffre d'affaires. «Nous misons sur le long terme, à travers les offres de garantie et service après vente», affirme l'un des cadres de ce groupe qui espère voir les consommateurs prendre conscience de l'importance de la qualité dans ce secteur, très largement piraté par l'informel. Enfin, La foire de l'industrie Djazaïr 2000 a été un instantané de la dynamique du privé algérien qui, donne l'impression de vouloir s'imposer, mais pèche par une ignorance des défis futurs qui attendent l'Algérie, notamment avec son adhésion à l'OMC et l'entrée en vigueur de l'Accord d'association avec l'Union européenne. La relative aisance d'un secteur comme celui de l'agroalimentaire risque de se transformer en cauchemar pour les opérateurs qui ne semblent pas prêts à affronter les géants européens. Un cauchemar que les représentants de produits électroménagers occidentaux vivent déjà...