Pour cette maison d'édition qui fête ses 15 ans d'existence, le Sila demeure «l'événement culturel le plus important de l'année en Algérie, et de loin». Affecté par la disparition de Chantal Lefèvre la directrice des éditions Mauguin avec laquelle elles s'étaient habituées à imprimer leurs ouvrages depuis une dizaine d'années, mais aussi la disparation soudaine de la moudjahida Claudine Chaulet (Ils avaient sorti en 2012 Pierre et Claudine Chaulet. Le choix de l'Algérie. Deux voix, une mémoire), les éditions Barzakh font feu de tout bois et reviennent cette année en force et comme revigorées en bloc pour affronter à nouveau cette 20e édition du Salon international du livre dont elles qualifient l'événement sur les réseaux sociaux du Sila comme «l'événement culturel le plus important de l'année en Algérie et de loin. C'est un moment véritablement populaire qui draine une foule bigarrée de lecteurs qui y viennent pour acheter toutes sortes de livres», constatant au demeurant que les lecteurs le plus souvent «curieux, à l'écoute, enthousiastes, critiques; le plus souvent ont mis de côté des sommes conséquentes pour pouvoir s'offrir, en plus des ouvrages dits «utiles» (livres scolaires, manuels universitaires, dictionnaires, etc.)» et ce, malgré le fait que «la situation économique et sociale de notre pays est plus que préoccupante et l'impasse politique réelle». Toutefois, pour les éditions Barzakh «le livre est au coeur du réel» malgré le fait qu'il se trouve en butte souvent devant un grand obstacle celui du manque d' «un réseau de distribution efficient qui fasse parvenir le livre jusqu'au fin fond du pays». Cependant, c'est forts de leur principe et conviction que Barzakh qui célèbre sa quinzième année d'existence, rappelle leur exigence de vouloir «publier des ouvrages de littérature et des essais au contenu différent - voire divergent -, témoignant de ce que nous sommes, de là où nous en sommes aujourd'hui, ce désir-là est toujours vivant». Aussi, nous apprend-on que cette maison d'édition saluée par tous et qui a déjà été honorée pour son mérite et professionnalisme, revient cette année avec pas moins de dix publications qui voient ainsi le jour pour ce 20e salon. Ce sont révèle-t-on des romans, des essais, des livres pour enfants. Ils disent tous quelque chose de notre pays, de son imaginaire sombre ou fabuleux, d'envies de gravité et/ou de légèreté, de son histoire passée ou présente, de la réalité de ses langues et de sa quête d'identité(s).». Aussi, souligne-t-on également «notre stand accueillera cette année les ouvrages des éditions Actes Sud, un éditeur français prestigieux avec qui nous cheminons depuis quelques années». Parmi ces nouveautés on notera ainsi Le deuxième roman - tant attendu - de Kaouther Adimi qui s'appelle Des pierres dans ma poche. Son premier roman, Des ballerines de papicha, a été publié aux éditions Barzakh en 2010, puis aux éditions Actes Sud en 2011, sous le titre L'Envers des autres... Rompue à la vie parisienne après 5 ans là-bas, la voilà qui se doit de retourner au pays pour assister aux fiançailles de sa petite soeur, l'assaillent les questionnements liés au mariage, à la solitude, à l'indépendance, passablement accentués par les névroses de sa mère. «Je suis une barre médiane: bien au milieu, pas-devant, pas derrière, pas laide, pas magnifique. Coincée entre Alger et Paris, entre l'acharnement de ma mère à me faire revenir à la maison pour me marier et ma douillette vie parisienne», écrit celle qui est devenue cette âme élastique qui tangue entre l'entre deux. Pour sa part, La fin qui nous attend est un nouveau roman de Ryad Girod. Avec une belle photo de couverture signée par le fameux repoter/ artiste photographe Bruno Hadjih (film At (h) ome). Une photo bien énigmatique qui souligne bien l'écartèlement des âmes mises en exergue dans ce roman «Un texte court, énigmatique, à l'élégance cruelle», souligne l'éditeur du livre. L'histoire a pour cadre un séisme qui vient de frapper, dans une ville indéterminée en proie à une guerre civile (encore un point commun avec Bruno et son film mi poétique mi volcanique At (h) Ome). Dans ce climat de chaos du dehors s'installe celui du dedans dans ce milieu halluciné miné par la voracité d'un pouvoir omnipotent.«Au coeur de ces ténèbres, un militaire misanthrope, désabusé et amateur de whisky soliloque. Pour lui, aucune rédemption n'est possible. Alors, il cède peu à peu à la violence. Seule Douce - une jeune femme officiant dans un hammam et lui prodiguant soins et amour - semble trouver grâce aux yeux de cet homme abîmé qui ne croit plus en rien, ni en ses proches ni même à la mission qu'on lui a confiée...» est la synthèse idéale qui vous donnera immanquablement l'eau à la bouche pour courir acquérir ce livre sans plus d'une ombre d'attente. Né à Alger en 1970, Ryad Girod est professeur de mathématiques. Il a enseigné à Alger, Ryadh et Paris. Il est l'auteur de Ravissements, un premier texte marquant publié en 2008 aux éditions José Corti à Paris, et paru aux éditions Barzakh en 2009 et qui fait l'objet d'une réédition. Son roman La fin qui nous attend paraît à l'occasion du Sila 2015. Autre roman attendu et dont son auteur est nominé svp au prix Fémina n'est autre que Hiziya de Maïssa Bey. Le roman raconte, «l'histoire d'une jeune fille algéroise à la recherche de l'amour idyllique, inspirée directement de la romance bédouine de l'Algérie des années 1800, un hymne à l'amour éternel. Hiziya, la passion amoureuse éternisée par le poète Benguitoun qui en a fait l'une des plus grandes merveilles de la poésie populaire algérienne.» Enfin, autre nouveauté, on notera également le recueil de poésie posthume de Malek Alloula Dans tout ce blanc - Ecrits poétiques de Berlin.