“La Conquête de la citoyenneté. Hommage à Claudine Chaulet", est un ouvrage qui a été publié en janvier dernier aux éditions Barzakh, en collaboration avec la revue Naqd. Il s'agit des actes du colloque organisé le 19 mai 2011 en reconnaissance au dévouement multiforme de cette combattante de tous les fronts. Les concepteurs de l'hommage rappellent que le militantisme de Claudine a pris son essor en collaborant à “Consciences algériennes" et en côtoyant le groupe qui activait autour d'André Mandouze en 1951. Le passage à l'action s'opérera en 1954-1955 avec le ralliement aux rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) et où elle ne se contentera pas des missions les moins hardies. Elle fera ce que, est-il noté, peu d'Algériennes avaient osé, entre autres transporter en 1957 hors d'Alger Abane Ramdane à bord de sa voiture, son bébé à bord. Ce fait de bravoure n'étant qu'un parmi tant d'innombrables autres. L'engagement de Claudine se poursuivra jusqu'après le recouvrement de l'indépendance en se souciant de la meilleure manière de contribuer à la construction de la jeune nation algérienne, principalement dans le domaine des sciences sociales. L'ouvrage est compartimenté en trois parties : la première consacrée à Claudine Chaulet et “la production de savoir", la seconde à “l'encadrement et la transmission de savoir" et, enfin, à “la question de la construction nationale, de la citoyenneté et du statut particulier de la paysannerie". Entre autres témoignages exprimés lors de cette journée, celui de Abdelhamid Bencharif qui est intervenu sur “la contribution de Claudine Chaulet à la construction de l'économie agroalimentaire en Algérie". L'on saura ainsi toute l'empreinte de cette battante sur l'apport du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), dont elle fut l'un des membres fondateurs, et plus globalement dans la recherche et l'enseignement. “Je suis son étudiant depuis 56 ans." C'est par cet aveu empreint d'humilité et d'admiration que le regretté Pierre Chaulet a évoqué Claudine. Qui mieux en effet que son compagnon de route pour évoquer cette “parité" qui a été le socle de leur union et de leurs rapports aux êtres et aux événements ? D'autres hommages émouvants de personnes ayant côtoyé à un moment privilégié de leur vie cette femme d'exception dont Rabah Zerari, dit Commandant Azzedine, qui parle d'une “fervente patriote", ainsi que les professeurs en sociologie Abdelmadjid Merdaci et Nadji Safir. En épilogue de ce livre, la liste des principales publications de Claudine Chaulet, lesquelles donnent la pleine mesure de l'étendue de son champ d'intervention sur des questions aussi cruciales que la gestion de la production nationale, la maîtrise de la politique alimentaire, le développement social, etc. Claudine Chaulet, née Guillot, voit le jour en 1931 à Longueau (France). A un moment de son action militante pour l'Algérie indépendante, son engagement politique a été étroitement lié à celui de son époux. A l'indépendance, elle occupera de nombreuses fonctions dans le domaine de la recherche. De retour en Algérie en 1999, elle contribuera à l'encadrement des thèses de sociologie. R. C. / APS