La vacance du siège réservé à Aït Ahmed n'a pas étonné grand monde. Les menaces de Bougouba auront été un pétard mouillé. Le congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine s'est ouvert, hier, dans un climat de franche camaraderie, rassemblant quelque 1000 délégués, venus des neufs wilayas historiques. Aucun son discordant n'a été constaté dans l'enceinte du Palais des nations qui a abrité, après 4 ans de retard, le très attendu congrès de l'ONM. Le coup d'éclat promis par Mustapha Bougouba n'a pas eu lieu. D'ailleurs, l'ancien membre du HCE, Ali Haroun, dit ne pas comprendre le tapage médiatique fait autour de la question, réduisant le phénomène à sa plus simple expression. «Je ne peux pas m'avancer sur un chiffre, mais j'estime qu'il n'y a pas lieu de faire toute une histoire de cette question, alors qu'il y a plus urgent.» En fait, les participants approchés par L'Expression affirment ne pas comprendre l'importance accordée à ce dossier, à l'image d'Arrad Ahmed de la Fédération de France du FLN qui estime que l'essentiel est de remettre l'ONM sur les rails, pour lui permettre de jouer un rôle plus actif au sein de la collectivité nationale. C'est, en fait, l'une des préoccupations des congressistes qui, pour beaucoup, n'ont pas été insensibles à la présence de l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, qui a constitué l'attraction du congrès. Salué par le chef de l'Etat dès l'entame de son discours, l'homme a été, l'espace de quelques minutes, la grande star du Palais des nations. Sollicité par des dizaines de moudjahidine, qui pour une bise, qui pour une poignée de main, Chadli a pris sa revanche sur l'histoire qui l'a sorti par la petite porte. L'honneur qui lui a été rendu par Bouteflika, réhabilite le président qui a eu à gérer l'une des périodes les plus difficiles de l'histoire de la nation. Cela dit, au-delà de cet aspect quelque peu «people» du congrès, l'on retiendra que celui-ci a connu d'autres grands moments. Il y a eu d'abord la désignation de Bouteflika en tant que président d'honneur de l'ONM. L'autre moment émouvant a eu lieu à la fin de l'ouverture du congrès avec notamment, l'honneur rendu par la République à de grandes figures de la lutte de Libération nationale. Ainsi, Didouche Mourad, Mustapha Ben Boulaïd, Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem, Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed ont été honorés par le chef de l'Etat. L'absence du premier président de l'Algérie indépendante et du président du FFS a sonné comme une fausse note dans cette cérémonie, mais personne parmi les présents ne s'est attardé sur ce détail, estimant que le geste en lui-même avait une lourde signification historique. Le chef de l'Etat n'a d'ailleurs pas manqué, dans son discours, de saluer les absents. «Nous sommes des leurs et ils sont des nôtres», avait-il dit, allusion faite sans doute à Aït Ahmed. D'ailleurs, la vacance du siège réservé au plus farouche opposant au pouvoir n'a pas étonné grand monde, le secrétaire général par intérim, Mohamed Chérif Daâs, en tête. Ce dernier a assuré qu'une invitation est systématiquement envoyée au vieux leader de l'opposition à chaque congrès de l'ONM. Une organisation qui, informe-t-il, compte pas moins de 120.000 adhérents. Un chiffre tout de même important que notre interlocuteur explique par le fait que dans l'Organisation, «l'on compte tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la guerre d'indépendance. Des prisonniers étaient à l'indépendance au nombre de 800.000 jusqu'aux infirmières en passant par les moussabels et autres».Quant au prochain secrétaire général de l'ONM,Mohamed Chérif Daâs, il a affirmé qu'il existe plusieurs candidatures et qu'il est prématuré de parler d'un favori. En fait, c'est dans les coulisses que se jouera l'élection du prochain secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine. Cela dit, l'actuel patron par intérim de l'ONM n'exclut pas l'arrivée à la tête de l'ONM, d'une personnalité inconnue du grand public. Y a-t-il un message sous cette déclaration? On le saura demain.