Cinq jours durant, nos forces marines auront à se familiariser avec les méthodes les plus modernes. Cinq navires de l'Otan, membres de la force Mc Force South, commandés par le capitaine Paolo Polidoro de la marine italienne, doivent effectuer une escale de cinq jours au niveau du port d'Alger. La visite, loin d'être fortuite, intervient au lendemain de la venue en Algérie du secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Sheffer, lors de sa première sortie en direction d'un pays non membre de l'Alliance atlantique. Outre le fait que des opérations militaires communes sont prévues, il ne fait aucun doute que l'ANP, depuis qu'elle tend à se moderniser et à assumer des missions hautement stratégiques, est devenue un axe central aux yeux de l'Otan dans diverses activités. Il s'agit notamment de la lutte antiterroriste, mais aussi des préventions du trafic de drogue et de l'émigration clandestine dans tout le bassin méditerranéen. L'ANP, bien souvent dans la douleur et les sacrifices, a acquis une expérience inégalable en matière de lutte contre le terrorisme islamiste planétaire. Des informations généralement fondées font état de menaces que feraient peser les réseaux d'Al Qaîda, avec sa branche armée en Algérie qu'est le Gspc sur certaines infrastructures pétrolières et gazières. L'Otan, qui a multiplié les visites dans notre pays et qui a même entrepris un travail d'aide à la rénovation de la flotte de la marine algérienne, veut en faire le principal bouclier contre ce genre de menaces. La marine algérienne, qui jouit d'une tradition séculaire, n'aura sans doute aucun mal à se mettre au diapason des technologies les plus avancées auxquelles a désormais recours l'Alliance atlantique. Les bâtiments de guerre, spécialisés notamment dans la détection et la destruction des mines, font partie de la Mine Countermeasures Force Southern Europe (Mcm Force South), équivalent de la Mcm Force North. Cette force de maintien de la paix dans le Sud, semble vouloir faire de notre pays le principal fer de lance lors de ses actions et éventuelles interventions futures. Force dotée d'un pouvoir d'intervention et de déploiement ultrarapide, elle jouit de ce que la technologie a produit de meilleur. Notre armée, depuis la participation du chef d'état-major, Gaïd Salah, à la rencontre qui a eu lieu récemment en Turquie, est «courtisée» par l'Otan. Sur invitation de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, le chef d'état-major de l'armée nationale populaire, le général-major, Ahmed Gaïd Salah, avait pris part, le 17 novembre dernier, au siège de l'Alliance à Bruxelles, aux travaux de la première réunion du comité militaire de l'Otan en session de chefs d'état-major de la Défense avec les pays participant au dialogue méditerranéen. Cette réunion au niveau des chefs d'état-major a été la première du genre. Elle s'inscrit dans le cadre des perspectives de renforcement des relations de coopération entre les pays de l'Alliance et ceux du dialogue méditerranéen. Officiellement, la mission de cette flotte, comme l'indique un communiqué rendu public par l'ambassade allemande, sera surtout d'ordre «culturel et social», avec même à la clé, une visite guidée dans les vieilles rues d'Alger pour les membres de l'équipage. Il n'en demeure pas moins que l'Otan, qui reste quand même discrète sur ce rapprochement stratégique avec notre pays, considère que «ce programme constitue un des engagements les plus prééminents au quartier général de Naples», comme l'admet le même communiqué. Le commandant de cette flotte, est le capitaine Paolo Polidoro de la marine italienne. Il convient de rappeler qu'il s'agit là de la troisième et sans doute la plus importante mission de l'Otan en Algérie. Les deux premières avaient consisté, notamment à préparer les arraisonnements des vedettes rapides et autres cargos organisant le trafic de drogue en provenance du Maroc, ainsi que les «boat people» venant eux aussi principalement de ce royaume. L'ANP, qui se trouve en pleine mutation, aspire à une véritable professionnalisation afin d'assumer les missions constitutionnelles dont elle est investie. C'est dans ce cadre que des achats d'armements modernes ont été effectués ces derniers temps, notamment en faveur de la marine et de l'aviation. Il convient de signaler que l'escale de la flotte de l'Otan a été précédée par celle d'un navire français, la Motte-Picquet. Cette frégate, au cours d'une escale de trois jours, a effectué des «manoeuvres tactiques» avec deux navires algériens, le Raïs Corso et le Raïs Hamidou. Ces manoeuvres qui ont été menées «conformément aux normes internationales» de l'Otan, ont permis, selon les responsables de la marine nationale, de «comprendre certains concepts» à travers un échange d'informations visant à «renforcer et maîtriser» les techniques dans ce domaine.