Lors de sa séance de vente-dédicace mardi dernier au stand des Editions Koukou dirigée par Arezki Aït Larbi, l'écrivain et neveu de Abane Ramdane a écarté totalement le recours à la justice suite aux déclarations attribuées à Daho Ould Kablia concernant l'affaire de l'assassinat de Abane Ramdane qui continue à faire couler beaucoup d'encre et de salive. Belaïd Abane revient avec un nouveau livre qui parle cette fois-ci non pas de l'assassinat de Abane Ramdane mais plutôt de sa vie. Le livre qui vient d'être édité dans le cadre des nouveautés des éditions Koukou pour la 20e édition du Salon international du livre d'Alger s'intitule à juste titre: «Nuages sur la révolution: Abane au coeur de la tempête.» Lors de sa séance de vente-dédicace, il a fallu aux journalistes présents au stand beaucoup de patience car les lecteurs qui voulaient repartir avec le livre dédicacé étaient fort nombreux. Et on est en droit de penser que la dernière polémique qui date de moins d'une semaine et répercutée par la majorité des médias n'est pas étrangère à cette grande affluence sur le livre de Belaïd Abane. Même si les livres sur l'histoire de la guerre d'Algérie connaissent un succès certain en matière de ventes, celui-ci l'est plus, quand il s'agit, de surcroît, d'ouvrages inhérents à de grandes figures de la guerre de Libération nationale. Abane Ramdane en fait incontestablement partie. Parmi les lecteurs et les visiteurs auxquels a eu droit Belaïd Abane, on peut citer entre autres, le fils de Mustapha Ben Boulaïd et la fille de Saâd Dahlab. D'autres visiteurs anonymes étaient également nombreux à se rendre à ce stand pour non seulement acheter le livre, mais aussi pour exprimer leur position sur ce conflit autour d'un assassinat politique. Lors d'un bref point de presse avec les journalistes présents sur place, Belaïd Abane a répondu qu'il n'aura pas recours à la justice suite aux déclarations controversées attribuées à Daho Ould Kablia concernant l'assassinat de Abane Ramdane, il préfère, par contre, apporter des réponses à travers ses livres. Il annonce d'ailleurs que le prochain livre qu'il publiera après celui sorti à l'occasion du Sila apportera toutes les réponses nécessaires concernant cette affaire. «J'apporte des réponses détaillées dans ce livre, jour après jour avec les PV inhérents à ce crime maffieux. Toute la vérité sera contenue dans mon prochain livre», a ajouté Belaïd Abane. Interrogé sur les éléments sur lesquels il se base pour écrire ses livres sur l'histoire d'autant plus qu'il n'a pas la prétention d'être historien, Belaïd Abane précise qu'il se base à la fois sur les témoignages et sur les écrits existants. Tout en soulignant que la stature de Abane Ramdane dérangeait énormément ceux qui ont pris la décision de l'assassiner, Belaïd Abane révèle à la presse qu'en plus des commanditaires du crime de Tétouan, même les noms des personnes ayant exécuté Abane Ramdane sont du domaine du connu. «Je serai très précis dans mon prochain livre», a encore ajouté Belaïd Abane en avertissant toutefois le lecteur qu'il écrit sur l'histoire non pas en tant qu'historien mais en tant qu'analyste politique. Concernant le livre mis sur les étals à l'occasion du Sila, l'auteur a précisé que pendant longtemps, la mort d'Abane avait effacé sa vie, son parcours de militant et d'activiste politique, et même sa contribution déterminante à la libération de notre pays: «Pourquoi? La première réponse est que depuis 1962, selon une loi non écrite, on ne rappelle pas le mérite d'un dirigeant, fut-il mort, dans une société massifiée par le dogme unanimiste au service de l'homme fort du moment.» Belaïd Abane souligne en outre que Abane est également le premier dirigeant au sommet de la Révolution dont on sait avec certitude qu'il a été assassiné par ses «frères», dans des conditions obscures: «Que cette mort, nimbée de mystère et longtemps occultée, a été travestie en mort glorieuse au champ d'honneur. Le premier des plus gros mensonges algériens. Et enfin que cette mort, atroce en elle-même et de par le modus operandi, est un acte fondateur symbolique d'un sytème régi par la force et la brutalité, en déni de toute norme civilisatrice et démocratique». Pour Belaïd Abane, le voyage d'Abane Ramdane, destin de tragédie grecque, commence en ce jour de juin de l'année 1920 où le printemps n'est déjà qu'un lointain souvenir sur cette terre algérienne que l'été, impérial, envahit avant l'heure. «De cette venelle d'Azouza, ce village où Camus, chroniqueur à Combat, est allé compatir à la misère des Kabyles, à cette sinistre ferme des faubourgs de Tétouan où l'attendait la mort, Abane Ramdane boucle trop précocement son périple initiatique. Nous allons le suivre à la trace, de son berceau natal à Alger de la Révolution, en passant par l'enfer carcéral d'Ensishem. Nous l'accompagnerons dans sa périlleuse traversée de l'Ouest algérien, pré carré du colonel Boussouf, jusqu'à Tunis, où commencera la dernière étape de son parcours», conclut Belaïd Abane.