La baisse des prix du sucre sur le marché international n'est pas répercutée localement. L'arrivée prochaine de quatre nouveaux opérateurs sur le marché intérieur du sucre n'a pas manqué d'être évoquée par le ministre du Commerce lors de son passage, hier, à l'émission «L'invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio nationale: «Ils entrent en production prochainement et ils ont des perspectives réelles pour l'exportation (de ce) produit», a-t-il, en effet, déclaré. Une arrivée qui, même s'il ne l'a pas dit ouvertement, semble le remplir d'aise. Pour Bakhti Belaïb, il est clair que celle-ci va casser «le monopole de fait» détenu par le groupe Cevital dans ce créneau sensible, «qu'il contrôle à hauteur de 80%». Ce n'est pas là la seule information d'importance donnée par le ministre du Commerce à cette occasion. Il a également communiqué deux autres. Qui ont trait, toutes deux, à la surfacturation; un sujet qui, depuis la polémique qui avait opposé, le mois écoulé, le ministre de l'Industrie à Issaad Rebrab, le patron du groupe susmentionné, occupe régulièrement les devants de la scène médiatique. Bakhti Belaïb n'a pas hésité, dans un premier temps, à accuser les opérateurs économiques nationaux d'être responsables de la plupart des cas de surfacturation enregistrés. Et, dans un second, d'en donner une estimation financière. Qui est apparue comme une accusation à peine voilée contre leurs auteurs: «les surfacturations gonflent de quelque 30% la facture globale des importations du pays», a-t-il, en effet, déclaré. En termes plus clairs, cela signifie, que si l'on prend comme référence le montant de 60 milliards de dollars représentant la valeur des importations de l'Algérie pour l'année 2014, que les surfacturations ont permis l'évasion, la même année, vers l'étranger, de quelque 18 milliards de dollars. Un chiffre qui donne le tournis en ces temps de baisse drastique des recettes en devises du pays. Et qui n'en rend que plus graves les accusations ainsi portées par le ministre du Commerce contre une partie des opérateurs économiques du pays: «Ils créent des sociétés écrans à l'étranger auprès desquelles ils passent des commandes tout aussi fictives», a-t-il poursuivi en guise d'explication. Des pratiques frauduleuses que l'Etat se propose de combattre par le biais des licences d'importation. Concernant, dans un premier temps une quinzaine de produits, dont, entre autres, les véhicules, le rond à béton, les produits agroalimentaires et les matériaux de construction, ces dernières seront, selon le ministre, «effectives au début de l'année prochaine». Et même, dans le cas où toutes les procédures y afférant seront finalisées, a-t-il précisé, auparavant. Comme pour souligner que l'introduction d'une telle mesure n'a pour but que la rationalisation de l'utilisation des avoirs financiers du pays et, partant, qu'elle n'était dirigée contre personne, Bakhti Belaïb a annoncé que la liste des produits concernés par les licences d'importation et celle des bénéficiaires de celles-ci «seront établies en concertation avec les opérateurs économiques et les organisations patronales». Ceci non sans préciser que la liste des produits concernés sera toujours ouverte: «De nouveaux produits peuvent y être inclus alors que d'autres peuvent en être retirés», a-t-il, en effet, déclaré. Invité à expliquer son opposition au Crédoc (Crédit documentaire), une procédure bancaire mise à la disposition des importateurs pour financer leurs opérations, qui, pour rappel, a été réintroduite en 2009, le ministre du Commerce l'a justifiée par le manque de fiabilité «de ce mode de paiement»: «En obligeant nos importateurs à payer à l'avance des produits qu'ils n'avaient pas encore réceptionnés, il a été à l'origine de l'arnaque de nombre d'entre eux», a-t-il expliqué. Non sans suggérer qu'il était, sur le sujet, sur la même longueur d'ondes que le Premier ministre». Une manière de dire que les deux et, à travers eux, l'Etat algérien, ont à coeur l'intérêt des opérateurs économiques nationaux versés dans l'importation et, par ricochet, celui du pays. C'est par le souci de préserver ce dernier que le ministre a expliqué la décision des pouvoirs publics d'aller vers une révision de l'Accord d'association qui lie l'Algérie à l'Union européenne depuis 2002, année de sa signature: «Notre pays n'a pas obtenu les contreparties attendues, en matière d'investissements, surtout, de son application des dispositions d'un tel accord», a-t-il, en effet, précisé. Une révision qui, en est-il convaincu, «influera positivement sur les négociations en cours portant sur l'adhésion de notre pays à l'OMC». Lors de son passage à l'émission précitée de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Bakhti Belaïb a eu également à se prononcer sur un certain nombre de sujets relevant du commerce intérieur. Il l'a fait d'une manière qui prouve qu'il est loin d'être un ministre technocrate. Et ce, aussi bien en ce qui concerne l'arrivée, susmentionnée, sur le marché de quatre nouveaux opérateurs économiques spécialisés dans la production de sucre: «Ce sont eux qui ont choisi d'investir dans ce créneau», a-t-il déclaré dans le souci clair de dire que cette arrivée n'a été aucunement encouragée par les pouvoirs publics pour casser le monopole détenu aujourd'hui par le groupe Cevital. Qu'en ce qui concerne le maintien des prix du pain et du lait. Dans ce cas, il a clairement mis en avant des préoccupations politiques pour justifier la décision du gouvernement à ce propos.