Le grand déballage! Depuis plusieurs mois, les responsables de la Fédération internationale de football association (FIFA) et le premier d'entre eux, M.Blatter, sont sous les fourches caudines de la justice américaine et suisse. Beaucoup ont été mis en examen (inculpés), le grand boss du football suspendu. Pas seulement lui. Le président de l'Uefa (Union des Associations européennes de football) Michel Platini est également suspendu pour 90 jours depuis le 8 octobre dernier, ce qui devrait, semble-t-il, mettre entre parenthèses ses ambitions de briguer la présidence de la FIFA. Et ce n'est pas tout. Le charivari autour du jeu à onze fait de plus en plus désordre induisant le chaos. Or, ne voilà-t-il pas que l'athlétisme est à son tour touché par la gangrène de la corruption aggravée par des affaires de dopage. La Russie est éclaboussée. L'ex-président de la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf), le Sénégalais, Lamine Diack, est ainsi mis en examen par la justice française. A tout prendre, les comptes de la FIFA sont loin d'avoir été bons, contrairement à ce qu'avait toujours assuré son fringant président, Joseph «Sepp» Blatter. Tombé de son piédestal, «Sepp» Blatter a aujourd'hui beaucoup à prouver. En fait, actuellement, ce sont 14 hauts dirigeants de la FIFA (dont de nombreux cadres de fédérations continentales) qui sont inculpés et/ou soupçonnés de malversation. Un micmac terrible où l'on apprend des vertes et des pas mûres. Les attributions de plusieurs Coupes du monde de football sont ainsi remises en cause. A commencer par celles de 2006 et de 2010 qui se sont déroulées en Allemagne et en Afrique du Sud. De fait, organiser la Coupe du monde est devenu une affaire politico-économique et financière et des pays ne reculeraient devant aucune infraction pour en obtenir l'organisation. Les deux prochains rendez-vous du football en Russie et au Qatar sont déjà sur la sellette depuis leur attribution à ces deux pays. Escroquerie généralisée? Pratiques mafieuses à la FIFA? C'est ce que les justices US et suisse tentent d'élucider. Joseph «Sepp» Blatter déjà mouillé en 2002 par l'accusation d'avoir acheté des voix pour sa réélection - à la veille du Mondial jumelé au Japon et en Corée du Sud - avait dû s'expliquer sur la faillite de l'agence de marketing ISMM-ISL qui sous-traitait pour la FIFA. Ces affaires de corruption dans le football sont donc anciennes mettant à nu un milieu zurichois (siège de la Fifa) gravement gangrené. Même le «Kaiser» Franz Beckenbauer, l'idole des foules, est tombé de haut suspecté dans l'affaire du Mondial 2006 en Allemagne. C'est à tout le moins écoeurant. Selon la presse locale, l'Allemagne aurait acheté en particulier la voix de l'Arabie saoudite en lui vendant des armes. Si le fait est confirmé par les enquêtes, ce serait là de l'inédit dans un monde du football déjà nauséabond. D'autre part, le Maroc qui échoua à maintes reprises dans sa quête d'organiser le Mondial de football, aurait [selon la justice américaine qui enquête sur l'affaire] acheté en 1992 la voix de l'ex-président de la CONCAF, Jack Warner, (inculpé aux Etats-Unis) pour le Mondial 1998 organisé par la France. Alors que l'affaire de la FIFA en est à peine à ses débuts et que des choses peu ragoûtantes remontent à la surface, un autre scandale tout aussi improbable, a éclaté ces dernières semaines, mettant en cause certains responsables de l'athlétisme mondial dont l'ex-président (jusqu'à août 2015) de l'IAAF Lamine Diack, son conseiller juridique Habib Cissé ainsi que l'ex-chef de la lutte antidopage à l'IAAF, Gabriel Dollé. Du beau monde! La justice française avait inculpé (mis en examen) dans le cours de la semaine Lamine Diack, accusé de corruption et de blanchiment aggravé, qui aurait reçu un bakchich de la part de la Fédération d'athlétisme de Russie pour «couvrir des faits de dopage». Tout cela reste, certes, au conditionnel tant que les faits ne sont pas établis. Mais entre-temps (ce mardi) l'Agence mondiale antidopage (AMA) a suspendu, avec effet immédiat, l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou. L'AMA a tiré les enseignements des recommandations, présentées lundi dernier, par une commission d'enquête indépendante sur le scandale mêlant dopage et corruption en Russie. Cela vole très bas dans un microcosme sportif mondial vraiment pourri. C'est désolant, d'autant plus que ce sont les deux sports les plus populaires, piliers du mouvement sportif mondial qui sont cloués au pilori. Quelque part, le jeu sportif est devenu malsain, corrompu par l'argent où tout s'achète et tout se vend. La Fifa-gate et l'Iaaf-gate donnent du sport une image souillée qui n'a rien à voir avec celle d'Epinal accolée aux leaders d'un monde du sport qui a mal tourné. En effet, d'autres sports seraient dans le collimateur des enquêteurs [telle que la natation] qui veulent une fois pour toute débarrasser le sport de ses scories et lui rendre sa salubrité et sa raison d'être.