Les candidats aux primaires républicaines de 2016 se sont affrontés mardi soir, parfois vivement, lors d'un nouveau débat centré sur l'économie, une joute qui n'a pas semblé bouleverser la campagne. Cela n'a pas donné à Jeb Bush l'impulsion qu'il cherchait. Le candidat préféré de l'establishment, fils et frère d'anciens présidents, a tenté de s'insérer dans plusieurs échanges sans y parvenir, évoquant le mauvais souvenir du débat précédent quand il s'était fait marcher sur les pieds par le sénateur quadragénaire Marco Rubio, son ancien allié en Floride. «Laissez Jeb parler», s'est amusé Donald Trump, égal à lui-même. Mais l'ex-gouverneur de Floride, tombé à la cinquième place des sondages, a néanmoins fait entendre sa différence, sur l'immigration ou la Syrie. Au milliardaire Donald Trump, qui veut construire un mur à la frontière avec le Mexique et expulser 11 millions de clandestins, Jeb Bush a répondu que ce n'était «pas possible, contraire aux valeurs américaines». Sur la Syrie, Jeb Bush a dénoncé l'idée, suggérée par Donald Trump, de laisser les Russes s'en prendre au groupe Etat islamique. «Donald a tort», a-t-il dit, en appelant à la création d'une zone d'exclusion aérienne. La régularisation des clandestins et l'interventionnisme américain ont été les rares sujets où les huit républicains conviés à ce débat, à Milwaukee (Wisconsin, nord), se sont profondément divisés sur le fond. Ils ont autrement rivalisé de propositions susceptibles de plaire à l'électorat conservateur, la vraie cible des primaires, à commencer par une énorme réduction des impôts. Le sénateur Ted Cruz a proposé d'abolir le fisc. Le neurochirurgien à la retraite Ben Carson, très populaire chez les protestants évangéliques, souhaite un impôt sur le revenu sur le modèle d'une dîme, un taux unique de 15%. Tous ou presque veulent sabrer les taux des impôts sur les particuliers et les entreprises, voire supprimer les cotisations sociales. «Il y a plus de mots dans le code des impôts que dans la Bible. Et aucun n'est bon», a lancé Ted Cruz. Quant au vainqueur du dernier débat, Marco Rubio, en troisième place des sondages, il a à nouveau démontré sa capacité à concentrer en quelques phrases le coeur de son message, un renouvellement de génération pour une Amérique en plein changement, poussant l'audace jusqu'à citer le jeu Candy Crush. «Si je gagne les primaires, ils (les démocrates) seront le parti du passé, nous serons le parti de l'avenir», a lancé ce télégénique fils d'immigrés cubains. Désireux de se distinguer sur leur force de caractère et leur capacité à battre Hillary Clinton, les candidats n'ont pas ménagé leurs rivaux. L'ex-PDG de Hewlett-Packard, Carly Fiorina, a tranquillement moqué Donald Trump en soulignant qu'elle aussi avait rencontré Vladimir Poutine, mais pas dans un studio de télévision. Le débat était organisé par la chaîne économique Fox Business qui a ostensiblement instauré un rythme plus lent, les modérateurs limitant leurs relances et laissant aux candidats des temps de réponses plus longs. Le monde conservateur était tombé à bras raccourcis lors du dernier débat sur la chaîne CNBC, dont les modérateurs avaient été accusés de questions biaisées et de trop fréquentes interruptions. «Merci de ne pas m'avoir interrogé sur ce que je faisais quand j'étais en seconde», a plaisanté Ben Carson, dont la discrétion mardi n'a pas différé de ses prestations passées. Il faisait référence aux questions soulevées depuis plusieurs jours sur sa biographie, notamment son enfance et son adolescence, dans la misère des quartiers noirs de Detroit. En particulier, a-t-il bien tenté, dans un accès de fureur, de poignarder un camarade - un événement déclencheur de sa supposée rédemption? Quatre autres candidats, moins bien placés dans les sondages, avaient débattu deux heures avant, une séance où le gouverneur Chris Christie (New Jersey) a dominé les autres. Pour l'instant, les deux outsiders Donald Trump et Ben Carson monopolisent le haut des sondages. Ils représentent ensemble environ la moitié des intentions de vote des républicains, à trois mois du début des primaires en février 2016.