Il est essentiel que les résultats de lutte soient communiqués avec précision afin que des décisions rapides puissent être prises pour prévenir la propagation des criquets à d'autres pays, souligne la FAO à l'adresse de ses membres dont l'Algérie. La FAO suit de près la situation dans le nord-ouest de l'Afrique, où des pluies exceptionnellement fortes sont tombées fin octobre sur une vaste zone du nord de la Mauritanie, sur les zones adjacentes du Sahara occidental, au sud du Maroc, à l'ouest de l'Algérie et au sud-ouest de la Libye. C'est ce qu'a indiqué hier l'organisation ajoutant que des pluies supérieures à la moyenne sont prévues dans certaines parties de l'Afrique cet hiver et le printemps prochain. Si cela devait se confirmer, les conditions écologiques deviendraient favorables à la reproduction du criquet, avertit la FAO. De fortes pluies sont déjà tombées depuis quelques semaines en Algérie comme dans d'autres pays, est-il constaté. Ces pluies torrentielles, qui ont largement dépassé la moyenne annuelle des précipitations, ont provoqué des inondations et des dégâts matériels. Même si les zones de reproduction hivernale sont situées le long des deux rives de la mer Rouge, il y aura suffisamment de temps pour que deux générations de reproduction successives aient lieu cette année dans d'autres zones, souligne l'organisation. Elle considère que la prévention, principalement grâce à l'alerte précoce et la réaction rapide, est essentielle pour réduire l'impact du criquet pèlerin sur les zones agricoles. Après des précipitations exceptionnellement fortes, il est impératif que les pays effectuent les nécessaires prospections et les maintiennent sur une base régulière pour le suivi de routine des conditions de reproduction et des infestations acridiennes. L'identification d'infestations importantes requiert des opérations de lutte afin d'empêcher toute augmentation des effectifs acridiens. Il est essentiel que les résultats des opérations de prospection et de lutte soient communiqués avec célérité et précision afin que des décisions rapides puissent être prises pour prévenir la propagation des criquets à d'autres pays, souligne la FAO à l'adresse de ses membres dont l'Algérie. Bien que ces mesures aient le mérite de jouer un rôle important dans la diminution de la fréquence et de la durée des invasions acridiennes depuis les années 1960, le changement climatique actuel - le réchauffement mondial - provoque des phénomènes météorologiques imprévisibles et extrêmes plus fréquents posant ainsi de nouveaux défis sur la manière de suivre l'activité acridienne, est-il estimé. La FAO constate aussi que les résurgences acridiennes font souvent suite à des inondations et les cyclones. Si elles ne sont pas maîtrisées, elles évoluent en invasions. D'autre part, la température externe régit la vitesse de développement du criquet et des conditions plus chaudes pourraient raccourcir les durées d'incubation et de maturation entraînant une augmentation du nombre de générations acridiennes annuelles. Il est précisé que les pluies inhabituellement fortes et généralisées qui sont tombées récemment dans le nord-ouest de l'Afrique, la Corne de l'Afrique et au Yémen pourraient favoriser la reproduction des criquets pèlerins, avertit aujourd'hui la FAO, soulignant qu'une surveillance étroite est nécessaire au cours des six prochains mois pour empêcher les insectes de former des essaims destructeurs. La situation acridienne dans les pays habituellement touchés par le criquet pèlerin est généralement restée calme en octobre, avec seulement la détection d'une reproduction à petite échelle, indiquent les experts de la FAO qui notent, toutefois, que cela pourrait changer. «Les événements météorologiques extrêmes, notamment les pluies torrentielles, peuvent déclencher une augmentation massive des populations acridiennes. La pluie offre aux criquets femelles un sol humide pour y pondre leurs oeufs qui, à leur tour, ont besoin de cette humidité pour se développer. La pluie favorise aussi la croissance de la végétation qui offre aux criquets nourriture et abri», indique Keith Cressman, fonctionnaire principal FAO en charge des prévisions acridiennes. «Les effets d'une invasion de criquet pèlerin peuvent être dévastateurs pour les cultures et les pâturages et menacer ainsi la sécurité alimentaire et les moyens d'existence en milieu rural», précise M. Cressman. Après avoir pris leur envol, les essaims formés de dizaines de millions de criquets peuvent parcourir jusqu'à 150 km par jour. Les criquets femelles pondent 300 oeufs durant leur cycle de vie et un criquet pèlerin adulte consomme à peu près son propre poids en végétation fraîche par jour, soit environ deux grammes. Un très petit essaim mange en une seule journée la même quantité de nourriture qu'environ 35 000 personnes.