Les sinistrés ont investi le Cours de la révolution et ont demandé la présence du président de l'APC et du chef de daïra pour trouver une solution à leur situation de misère. Les trois personnes sauvées in extrémis de dessous les décombres ont été évacuées aux urgences du CHU Ibn Rochd d'Annaba, suite à l'effondrement partiel avant-hier, à quatre heures du matin, des plafonds, murs et escaliers des deux derniers étages d'un vieil immeuble sis rue Tunis à Annaba, apprend-on auprès de la Protection civile. Après plus de six heures passées dans le froid, les rescapés n'ayant vu venir aucun des responsables locaux pour s'enquérir de leur situation, ont décidé de recourir à la méthode classique pour faire entendre leurs voix: le blocage de la route. Les sinistrés ont investi le Cours de la révolution et ont demandé la présence du président de l'APC et du chef de daïra pour trouver une solution à leur situation de misère. Dans une atmosphère très tendue, notamment à la vue du dispositif sécuritaire déployé à l'effet de parer à toute éventualité, les responsables locaux se sont dépêchés sur place pour tenter d'apaiser les esprits des familles en furie. Le P/APC d'Annaba et le chef de daïra ont promis de prendre en charge et, dans la mesure du possible, les revendications des sinistrés, portant sur la demande d'un logement social. Les occupants de cette vieille bâtisse ont des années durant, réclamé leur relogement dans des habitations décentes. «Nos vies et celles de nos enfants sont en permanence menacées par les effondrements des taudis que nous occupons comme des rats», nous ont lancé à haute voix des habitants de cet immeuble en ruine. «Chaque hiver nous avons la peur au ventre, le spectre de l'effondrement est devenu une hantise à chaque fois que le vent souffle», nous a confié un habitant au visage pâle. «On a tout juste demandé à être relogé convenablement. Nous supportons le chômage avec plaisir, mais pas la mort sous les décombres», a rétorqué un autre jeune au regard perçant. Des femmes aux visages livides, tentaient de calmer les enfants en pleurs, sous le regard solidaire des passants. Ces sinistrés et bien d'autres occupants des maisons de la vieille ville y ont, pour la plupart, habité plus de 30 ans, d'autres sont venus d'ailleurs, à la recherche d'un eldorado illusoire. Les uns aussi bien que les autres vivent les mêmes aléas de l'occupation des vieilles habitations. Rappelons que, pour les mêmes raisons, un sinistre similaire avait eu lieu à la même rue faisant un mort et plusieurs blessés. C'est dire que, l'immeuble en question et les habitations avoisinantes sont classées par les services compétents parmi les bâtisses menaçant ruine. Il est à noter que sur les 602 vieilles bâtisses, 44% nécessitent une restauration et 37% du vieux bâti, présentent une dégradation avancée, devant être démolies après avoir été recensées par Ocrava (l'Office communal de restauration et d'aménagement de la vieille ville d'Annaba). Selon un rapport établi par le méme office, 76% des maisons de la vieille ville d'Annaba sont des propriétés privées. Une situation rendant difficile la tâche du financement de l'opération de restauration de ces bâtisses dont les propriétaires sont pour la plupart décédés et les héritiers introuvables. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que, l'état de santé des blessés ne représente aucune inquiètude.