Abdelhamid Abaoud est actuellement établi en Syrie Le lexique ostensiblement guerrier du président français témoigne du virage que négocie la France. L'enquête sur les attentats de Paris progresse dans plusieurs sens. Les policiers suivent des pistes «sérieuses» en France, mais surtout en Belgique, où une partie des terroristes y avait vécu et surtout fréquenté un dangereux terroriste belge. Très connu des services de renseignement du royaume, l'individu a été identifié comme étant le cerveau des tentatives d'attentats déjouées en janvier dans la ville belge de Verviers. De son vrai nom Abdelhamid Abaoud, il est actuellement établi en Syrie et très actif dans les groupes terroristes de Daesh. Le lien entre lui et deux des terroristes accrédite la thèse, selon les médias belges, qu'il en soit le premier commanditaire. Les indices qui convergent tous vers cet individu se multiplient. En effet, dans plusieurs affaires le nom du kamikaze Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser au niveau du boulevard Voltaire à Paris, était associé dans nombre de dossiers à celui de Abdelhamid Abaoud. D'ailleurs, celui qui se fait appeler en Syrie Abou Omar al-Beljiki, passe pour être la tête pensante du groupe de jeunes islamistes radicaux de la commune bruxelloise de Molenbeek, un patelin connu pour avoir abrité l'assaillant de l'Hyper-Casher, Ahmed Coulibaly, mais également les terroristes du GIA. C'est dire que cette commune belge est l'un des repaires du terrorisme islamiste depuis une vingtaine d'années. De fait, les suspicions des enquêteurs s'en trouvent justifiées et la thèse du cerveau «syrien» des attaques terroristes de Paris semble faire l'unanimité dans les milieux du renseignement français. La célérité qu'a mis la machine policière française pour reconstituer le réseau terroriste qui a traumatisé tout le pays, traduit la volonté des autorités d'apporter la preuve de l'efficacité des services de renseignement et surtout pour identifier une cible physique pour aller prendre sa revanche. Le scénario ressemble, à s'y méprendre, à celui du 11 septembre 2001, où les enquêteurs américains ont très vite mis un nom sur le principal commanditaire des attentats du World Trade Center. Les Français semblent être dans la même logique, jusqu'au bombardement dimanche dernier d'un site d'entraînement de Daesh en Syrie. A choc égal, réaction égale semblent dire les dirigeants de la France, dont le président a établi une «feuille» de route, dans son discours devant le Congrès, qui ressemble quelque peu à celle de Coerge Bush. Le déploiement prochain du porte-avions Charles de Gaulle au large de la Syrie pour tripler les capacités militaires de l'armée française dans la région, l'intensification de sa présence militaire, la constitution d'une large coalition anti-Daesh sont autant de signes d'une riposte à la hauteur de l'agression qu'envisage la France. Le lexique ostensiblement guerrier du président français témoigne du virage que négocie la France. «Les commanditaires des attentats de Paris doivent savoir que leur crime renforce notre détermination à les détruire», «aujourd'hui il faut plus de frappes, plus de soutien, nous l'apportons», «la Syrie est devenue la plus grande fabrique de terroristes que le monde ait connu», «nous poursuivrons nos frappes contre l'EI. Il n'y aura aucun répit, aucune trêve». Un vocable qui rappelle les dures années du début du troisième millénaire. Ainsi, il y a un avant et un après-13 novembre. Le décor est ainsi planté et la France campe le rôle de la puissance blessée à la recherche de son agresseur. Il s'appelle Abdelhamid Abaoud. L'homme sera traqué dans toute la Syrie. Entre-temps l'état d'urgence et ses conséquences feront beaucoup de victimes en France et ailleurs. Mais qu'importe. L'essentiel et ce que devra retenir l'opinion française est que la chasse est ouverte.