Le vieux club algérois ne peut être un club comme un autre au vu de ses capacités. Le Mouloudia d'Alger continue à éternuer et le football algérien à couver un rhume. Nombreux sont ceux qui prendront cette métaphore pour de l'exagération dans la mesure où le club algérois n'a plus son aura d'antan pour qu'on puisse l'affubler du rôle de club-test pour le sport n°1 du pays. Il y a que le Mouloudia algérois n'a rien d'un club comme un autre. Le fait qu'il soit le club populaire du pays et certainement sur les plans africain et arabe, l'un de ceux qui sont capables, à eux seuls, de vous remplir un stade de 100.000 places, l'autorise à occuper une place à part dans le monde mouvementé du football algérien. Les derniers résultats enregistrés par l'équipe, ont amené un certain nombre d'anciens dirigeants et joueurs du club à se réunir pour se constituer en «comité de sauvegarde du Mouloudia d'Alger». Ce comité en appelle aux plus hautes autorités du pays pour qu'elles assument leurs responsabilités vis-à-vis du doyen de nos clubs. Il faut dire que le Mouloudia, après un début de saison qui a fait croire à ses supporters qu'il pouvait décrocher la lune, est retombé dans les travers qu'on lui connaissait les saisons précédentes. Plus que le 6 à 1 encaissé à Tizi Ouzou face à la JSK, c'est le 5-0 pris au Caire face au Zamalek en coupe arabe qui a fait mal. L'un des membres du «comité de sauvegarde», M.Abdelkader Drif, en sa qualité de président du MCA de 1976 qui avait été couronné champion d'Afrique, a profité de la récente cérémonie (mardi dernier à l'hôtel El Aurassi) du ballon d'or organisée par nos confrères El Heddaf et le Buteur pour monter à la tribune et dresser le tableau noir de l'équipe actuelle de football. Ce fut incontestablement un des moments forts de la soirée où l'intervenant, faisant référence à la débâcle du Caire, a indiqué «qu'on n'avait pas le droit de jouer avec l'honneur du pays. En allant en Egypte, le Mouloudia ne le faisait pas pour lui mais pour le pays». Et l'ex-président du club d'en appeler à l'intervention du chef de l'Etat lui-même. «S'agissant d'un club comme le MCA à la notoriété et au poids populaire incontestables, ce ne serait que naturel. Au Maroc, le roi était intervenu lorsque le WAB était à la dérive. En Tunisie, en dépit du fait qu'il soit son gendre, Slim Chaboub a été poussé à la démission par le président Ben Ali de la présidence de l'EST car ce club venait de faire rater à la Tunisie une historique finale de coupe d'Afrique entre deux de ses représentants. Enfin, en Egypte, quand le Ahly va mal, c'est le président de la République qui intervient». La démarche du «comité de sauvegarde» sera-t-elle couronnée de succès? Il faut laisser le temps au temps pour connaître la réponse. Toujours est-il qu'elle a le mérite d'avoir été entreprise pour un club dont le football algérien a besoin qu'il soit fort et structuré. Parrainé par la première entreprise d'Afrique et d'Algérie, soutenu par la plus formidable galerie du pays, le MCA n'a même pas de stade pour recevoir ses adversaires. Il ne dispose ni de terrain d'entraînement propre à lui ni de salle. De 1977, année où il est passé sous l'aile de la Sonatrach, son équipe de football a englouti des milliards de centimes pour 4 misérables titres : un titre de champion d'Algérie en 1979 et un autre 1999, une coupe d'Algérie en 1983 et une coupe de la ligue en 1997. Les observateurs n'auraient rien dit si le club, pour contrer ces mauvais résultats sportifs, avait fait état de l'acquisition d'un vrai patrimoine infrastructurel. Au vu de ses capacités, le Mouloudia n'a pas le droit à un tel ratage. Ce club, capable de drainer une foule de 100.000 spectateurs dans un stade, pourrait même se passer des services de Sonatrach. Bien géré sur le plan du marketing sportif, il représenterait une véritable mine d'or. Ce sont les sponsors qui se bousculeraient pour le soutenir et non lui qui irait faire du porte-à-porte pour obtenir quelques sous çà et là. Mais ce club semble diverger sur la notion de professionnalisme pour se contenter de gérer les petites querelles d'un Benali ou les états d'âme d'un Bouacida. Quand on apprend que les joueurs ne sont pas à l'abri d'une agression lorsqu'ils sont à l'entraînement, on se dit que le MCA est décidément tombé bien bas. Ce n'est pas pour rien que tous les entraîneurs qui sont passés par ce club disent qu'il est miné de partout et qu'il est impossible de le coacher convenablement. Il ne suffit pas de le voir gagner 2 ou 3 matches pour se dire qu'il a enfin relevé la tête. Par son poids dans la société algérienne, le MCA mérite une toute autre attention que des points grapillés au fil des rencontres. La Sonatrach, comme sponsor officiel, qui a un droit de regard dans sa gestion, se doit de revoir sa politique. Le MCA ne saurait se contenter des places d'honneur. Son aura, sa popularité, ses moyens, en font un club qui doit servir de locomotive au football algérien. Sa place ne peut être que parmi les grands d'Afrique. Mais jusqu'à présent, on se contente de la «championnite» et de le voir jouer petit. C'est l'un des drames du sport n°1 du pays.