Peu de femmes se rendent dans les commissariats en vue de déposer plainte contre leurs agresseurs souvent constitués de leurs maris. La violence faite aux femmes prend des courbes fulgurantes. C'est ce qu'a laissé croire Nafissa Lahrache, la présidente du mouvement féminin algérien, l'association Femmes en communication. En animant jeudi dernier à Oran une rencontre axée essentiellement sur les mécanismes et moyens à mettre en place dans le cadre des campagnes de sensibilisation sur la lutte contre la violence faite à la femme, elle a indiqué que «4000 cas de violences perpétrées contre la femme ont été enregistrés durant les deux dernières années». Ces chiffres comprennent les femmes qui ont été victimes des violences sexuelles, corporelles, verbales etc. Un tel chiffre est, selon les présentes, loin de représenter la triste réalité du phénomène. Plusieurs dizaines de cas optent pour la loi de l'omerta et du silence, de peur des tabous sociaux. D'autres femmes ont souvent la peur au ventre vu les représailles déclenchées par les gens les ayant violentées, notamment leurs maris. Dans ces cas de figures, les hommes recourent souvent à des répudiations. Peu de femmes prennent leur courage à deux mains pour se rendre dans les commissariats en vue de déposer plainte contre leurs agresseurs qui sont dans la majeure partie leurs partenaires, leurs maris. Pour d'autres femmes, l'assistance psychologique est souvent absente. Là encore, les tabous sociaux reviennent en force dans les traitements des dizaines de cas de violences faites aux femmes. A Oran, dira Mme Thabet, des services de l'action sociale, les services locaux en charge de juguler la violence faite à la femme ont, durant cette année, recensé plus de 150 cas. Ce n'est pas tout. Pas moins de 2000 femmes ont trépassé suite à des violences qui ont été perpétrées à leur encontre durant les trois dernières années. Graves sont donc la situation et le phénomène qui continuent à prendre des allures multiformes. D'ailleurs, la rencontre d'Oran a été marquée par la présence d'un nombre important d'associations défendant la cause féminine. La rencontre ne se voulait pas être une tribune à travers laquelle les défenseurs des causes féminines se lanceraient dans la stigmatisation. Bien au contraire, ses organisateurs ont jugé utile de tirer la sonnette d'alarme dans le but de traiter la problématique en la cernant dans toute sa dimension. Il demeure certain que les études sociales et psychologiques de ces cas de violences s'imposent. Cependant, la rencontre d'Oran a servi tout de même de tribune permettant de débattre localement des problèmes rencontrés par la femme aussi bien dans sa vie quotidienne que dans le cadre de ce phénomène qui aborde des virages dangereux dans une société rongée par les problèmes sociaux. Pour les participants de la rencontre d'Oran, aucun argument ne peut justifier la violence faite à la femme. Nafissa Lahrache défenseur de la cause féminine, dira en ce sens avoir déposé un dossier auprès du président du Sénat l'invitant à activer la loi réprimant la violence faite à la femme. Contre toute attente, la loi sera soumise à l'approbation en 2016.