«Le régime qui n'a pas pu construire une économie diversifiée en plus d' un demi-siècle, prétend le faire en moins de deux ans! Cessez d'exaspérer le peuple!» Lors du débat autour du projet de loi de finances 2016, l'ex-premier secrétaire national du FFS, Ahmed Batatache, dont le parti annonce qu'il votera contre ce texte de loi, a indiqué que le peuple algérien sait pertinemment que «les députés n'ont ni le courage politique ni la compétence ni encore moins la volonté d'assumer leur rôle pour défendre ses acquis». «Certes, la loi de finances 2016 intervient dans une conjoncture de crise, mais quelle crise? Elle n'est certainement pas une crise due au choc pétrolier, comme tente de le faire croire le régime. C'est plutôt une crise structurelle de l'économie nationale, mono-exportatrice et dépendante totalement de la fluctuation des cours des hydrocarbures», a-t-il souligné lors de son intervention. «Cette situation reflète l'échec des gouvernants à construire une véritable économie diversifiée et productive à même de relever les défis qui se posent à elle», indique-t-il. «Le gouvernement n'a pas manqué de rassurer le peuple qu'en dépit du recul continuel du niveau du matelas de devises, le montant de 121 milliards de dollars en réserves de changes permettra au pays de faire face à la baisse des cours mondiaux de pétrole, pendant 23 mois. Et après que réserve-t-on aux Algériens? Est-ce la famine, la faillite totale de l' Etat ou la science de la voyance?», a-t-il ajouté. «Le régime qui n'a pas pu construire une économie diversifiée en plus d' un demi-siècle, prétend le faire en moins de deux ans! Cessez d'exaspérer le peuple!», estime-t-il. «La responsabilité politique de cet échec flagrant incombe aux décideurs pas au peuple auquel on veut faire payer toute la facture», a-t-il martelé. «Le pouvoir qui n'a pas tiré de leçon de l'expérience due au choc pétrolier des années 1980, a persisté dans sa myopie et s'apprête présentement à rééditer les mêmes remèdes à l'image de la majorité des régimes du Tiers-Monde qui perpétuent l'économie coloniale», a-t-il dit. «Cela est le comble de l'idiotie en politique», a-t-il commenté. «On a enregistré des milliers d'actions de protestation, ces derniers temps. Veut-on aller vers d'autres séries de contestations? Le pire sera à venir, car les prochaines perturbations sociales seront de plus en plus dangereuses», a-t-il mis en garde. Les députés de l'Algérie verte, s'inscrivent sur la même longueur d'onde, en dénonçant la propension du gouvernement à encourager la révolte populaire. Ces députés ont critiqué les nouvelles dispositions qui portent sur des augmentations de certaines taxes et prix de produits énergétiques, ce qui tirera en bas le pouvoir d'achat des faibles revenus et la classe moyenne, tandis que les entrepreneurs privés bénéficient de toutes sortes de facilités, exonérations fiscales et d'autres privilèges. De leur côté, les députés de l'Algérie verte, ceux du PT et du parti Al-Adala, comptent défendre leurs propositions d'amendement, avant de décider de boycotter ou non la séance du vote. Ces derniers ont notamment exprimé leur «refus total» de l' article 66 par lequel le gouvernement essaye de contourner la règle des 51/49%. Cet article craint par les députés stipule que «les entreprises publiques économiques y compris la Sonelgaz et Sonatrach, qui réalisent des opérations d'ouverture de capital en direction de l'actionnariat national résidant doivent conserver au moins 34% du total des actions ou des parts sociales. A l'expiration d'une période de 5 ans, l'actionnaire national peut lever auprès du Conseil des participations de l' Etat une option d'achat des actions détenues par l'entreprise économique». Très critiqués, les articles 53 et 56 prévoient la possibilité, respectivement, de mutation des droits de concession en cession des terrains relevant du domaine privé de l'Etat pour les investissements touristiques, et de cession des biens de collectivités locales aux opérateurs privés. Rejeté et abrogé par la commission des finances, l'article 71 prévoit l'introduction d'un mécanisme d'«équilibre budgétaire», selon lequel le ministre des Finances peut décider sans recourir au Parlement, à travers des «décrets d'ajustement», l'annulation ou le gel des crédits «en cas de perturbation des équilibres généraux de la loi de finances ou de l'équilibre budgétaire prévu». Des critiques fusent aussi, concernant l'article 59 qui stipule que le gouvernement autorise au cas par cas le recours au financement extérieur pour la réalisation des investissements stratégiques par les entreprises du droit algérien. Le débat sur le projet de loi doit se poursuivre jusqu'à aujourd'hui tandis que le vote sur ce même texte est prévu pour lundi prochain.