De grandes affaires seront au menu Les audiences du tribunal criminel d'Alger continuent leur quotidien (souvent les vendredis et samedis) avec leur lot d'émotions, de suspense, de chocs épisodiques, de crises de nerfs à l'issue de la lecture des verdicts, souvent lus dans la confusion... La session criminelle 2014-2015 tire à sa fin avant que ne s'installe celle de 2016! Que de surprises... Pour mener à bon port la curiosité de nos lecteurs, il n'y a ni grands dossiers, ni petites affaires. Il y a seulement une affaire en justice où seul le droit prédomine. Certes, il y a de grands crimes de sang, économiques et autres trafics de came ou d'armes, mais les procès demeurent sereins, car tenus en audiences publiques. Décembre, janvier et février 2015-2016 vont connaître la tenue de dossiers chauds tel celui du présumé assassin Chouaïeb Oultache à l'encontre de Ali Tounsi, alors Dgsn en 2010. Ajoutons l'affaire Sonatrach 1 qui va pousser Mohamed Regad, président du tribunal criminel, à faire preuve d'une attention soutenue, car il s'agit pour lui d'abord, de présumés accusés et inculpés. Des accusés et des inculpés qui ont au fond du coeur, par mal de «plaintes» à étaler devant les magistrats, les jurés, les avocats et... l'assistance, c'est dire l'utilité d'une audience publique. Une chose est certaine: le comportement du trio de juges et du duo de jurés sera à l'image des nouvelles dispositions et réaménagements des démarches mises en train depuis l'arrivée de Tayeb Louh à la tête de la chancellerie en septembre 2013. Il faut vite préciser que les renvois restent l'os de la «crim», car il suffit souvent d'un petit détail pour que le report soit annoncé. Il faut dire qu'en matière de justice, sur les 19 prévenus, sept sont en détention depuis belle lurette. Et au sein de la chancellerie, personne n'ignore que Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, ne veut pas que des accusés pourrissent en taule en attendant leurs procès. Et ce dossier n'a que trop fait couler d'encre. Il est temps que la salive se déverse à la barre. Un autre procès semble avoir été renvoyé aux calendes grecques car, selon le rôle, jusqu'au 28 janvier 2016, point de procès de Chouaïb Oultache! Mystère! Mais connaissant la lenteur de la justice, nous n'éprouvons aucun étonnement. Il est vrai qu'entre les déclarations du présumé assassin au juge d'instruction de Bab El Oued et ce qui se dit ça et là autour des balles tirées, l'opinion publique peut attendre l'ouverture du procès. La preuve? Durant le procès ABM, qui a vu Oultache et son gendre condamnés à de lourdes peines, Chouaïb avait trouvé deux minutes depuis le box, au cours d'une courte suspension d'audience pour nous déclarer, sans ton: «Monsieur, j'ai tiré deux fois sur le thorax de Tounsi.» Où est la vérité? Attendons les débats pour le savoir. En attendant, ce procès n'est pas pour demain! Ainsi, sur les 83 affaires à venir, 14 présidents auront la lourde responsabilité de juger des affaires diverses dont celles liées au terrorisme, de faux, de trafic de came, de crimes de sang, de Sonatrach I. La nouveauté est que Amar Benkharchi n'a que deux dossiers à traiter, lui qui se farcissait, il n'y a pas si longtemps, près d'une dizaine par session. Il faut préciser que le duo Abdi Benyounès, le président et El Hachemi Brahmi, le procureur général, se sont entendus pour lancer dans le bain des magistrats aguerris tels Boubetra, Lakhdar Sellam, Youssef Boukhorsa, Miloud Chebah, Mansour Ouchen, Mahfoud Ziouèche aux côtés des vétérans Boualem Bekri, Tayeb Hellali, Lemnouar Bengharifa, Mohamed Regad, sans omettre les charmants Abdenour Amrani, Meriem Djebbari et Mariane-Nadia Ghedar, cette fougueuse juge, prête à bondir au moindre signe de déviation. C'est le procès le plus attendu par l'opinion publique, Sonatrach 1, qui s'ouvre le dimanche 27 décembre 2015. Coïncidence de la date: Houari Boumediene est décédé le 27 décembre 1978. Ce procès va voir défiler à la barre sept détenus et 12 non-détenus dont quatre entreprises industrielles et commerciales: Saïpem, Géri, Central Deutch et Control Blitek, Control algérien. Il faudra s'attendre à un procès qui va durer et c'est pourquoi un renvoi est attendu, car le 27 décembre 2015 est trop près des fêtes de fin d'année. Les inculpations et les accusations sont au nombre de 15 dont la redoutable accusation d'association de malfaiteurs, le faux, le blanchiment d'argent, le trafic d'influence, signatures de contrats contraires à la législation en vigueur en vue de bénéficier de privilèges injustifiés à autrui. Corruption à l'issue d'établissements de contrats publics, dilapidation et tentative de dilapidation de deniers publics, blanchiment d'argent et conflit d'intérêts. Délits d'augmentation de prix à l'issue et au cours de signatures de contrats avec des entreprises industrielles et commerciales et bénéfices émanant d'abus de fonction de ladite société et complicité (cinq individus sont concernés) alors que El Ismaïl Mohamed Rida Jaâfar, Belkacem Boumedienne, Mohamed Réda Meziane, Bachir Faouzi Meziane, Zenasni Benamor, El Hachemi Maghaoui, Yazid Liès Maghaoui sont poursuivis par les articles du Code pénal les plus rudes... Restent maintenant les débats. Aurons-nous les mêmes débats que ceux de l'autoroute Est-Ouest du printemps dernier, sauf que ce n'est plus Tayeb Hellali qui préside, mais Mohamed Regad, entouré de Nadia Bouhamidi et sa ferme expérience et Hakim Mansouri, qui auront la lourde tâche d'entendre «ceux» de Sonatrach qui ne viendront pas tendre le cou au ministère public, un parquet que dirige, depuis maintenant deux mois, El Hachemi Brahmi, qui entend être le seul patron de la police judiciaire et le garant de saines poursuites dans tous les cas de figure.