Les députés voteront oui Les dés sont jetés. Et cette fois, c'est clair, ils ne sont pas pipés. C'est la réalité amère qui s'impose à plusieurs pays de par le monde. Le projet de loi de finances sera soumis aujourd'hui au vote des députés, après d'âpres débats et une multitude d'attaques de la part de l'opposition et même d'une partie des élus de la majorité. Mais la configuration de l'Assemblée populaire nationale assure une confortable majorité à l'Exécutif. Il n'est donc pas question que le texte soit rejeté. D'abord, parce que les états-majors des partis du gouvernement, représentés à l'APN ont donné des consignes de vote en faveur de la loi, ensuite, parce qu'on ne voit pas comment le gouvernement peut gérer la situation financière sans recourir à des restrictions budgétaires. Beaucoup d'observateurs économiques trouvent même que la loi de finances 2016 est encore très large et le plus dur reste à venir. C'est dire que, contrairement aux années de «l'opulence», l'Algérie n'a d'autre choix que de recourir à des arbitrages douloureux pour maintenir ses équilibres financiers. Même si, politique oblige, les partis de l'opposition s'acharnent à démolir le projet de loi de finances 2016, au niveau des experts, il y a une unanimité quant à l'obligation pour les Algériens de se serrer la ceinture, tant que les recettes en devises ne suffisent pas à boucler le budget annuel. Pour ce qui concerne la société, notamment la couche moyenne, première victime de l'austérité annoncée, puisque c'est cette catégorie de citoyens qui a le plus à perdre, les temps seront peut-être à la résignation, tout en caressant l'espoir que les effets de la crise ne seront pas catastrophiques. La classe moyenne, laminée par la crise de 1986 et qui s'est lentement reconstituée durant les 15 premières années du troisième millénaire, est le moteur de la consommation et de la croissance. Le gouvernement sait parfaitement que sa préservation garantit la relance du pays. Mais quoi qu'on dise, le diagnostic est établi, la médication connue, il s'agira d'administrer le remède. Celui-ci sera douloureux, détruira quelques organes, mais à entendre le gouvernement et les experts, il n'y a pas d'autres alternatives. Cette unanimité est renforcée par la situation tout aussi difficile que traversent tous les pays producteurs de pétrole. Ainsi, le Kowëit a pris des mesures de rigueur, l'Arabie saoudite songe à vendre ses aérogares, le Canada est entrée en récession et la Norvège s'est vue obligée de recourir au «Fonds des nouvelles générations» pour faire face au déficit budgétaire, consécutif à la chute des prix du pétrole. Cela sans oublier d'autres grands pays producteurs de l'or noir, comme le Venezuela qui doit faire face à d'importants niveaux d'inflation. Bref, maintenant que la crise semble s'être bien installée, on peut dire que les dés sont jetés. Et cette fois, c'est clair, ils ne sont pas pipés. C'est la réalité amère qui s'impose à plusieurs pays de par le monde. L'Algérie est dans le lot, avec ses points forts, à savoir une dette extérieure quasi nulle et ses points faibles, une économie très largement dépendante des hydrocarbures. Il s'agira pour l'Exécutif d'éviter autant que faire se peut de retomber sous l'emprise du FMI. Cela passe par une politique économique orientée vers une réduction des importations et une rigueur dans les dépenses publiques. Autant de mesures qui auront un impact direct sur le pouvoir d'achat des ménages. Ces derniers qui commencent déjà à sentir les «premières» brises de la tempête annoncée, savent que l'avenir sera dur. Les Algériens s'attendent, en effet, à ce que les subventions soit réduites, les prix à la consommation iront à la hausse et forcément, les rentrées financières en pâtiront. On en est au tout début de la crise, avec la différence que cette fois on la voit venir, contrairement à celle de 1986 qui a frappé la société de plein fouet. Ahmed Ouyahia le rappelait, il y a quelques jours dans un entretien télévisé en affirmant que les Algériens avaient vu les prix des produits de première nécessité multipliés par dix du jour au lendemain. Les familles qui se souviennent certainement de la funeste période des «vaches maigres» savent ce qui les attend, avec cette fois, un sursis de deux ou trois ans. Le gouvernement par la voix de son premier responsable, Abdelmalek Sellal, promet que le peuple ne souffrira pas beaucoup de cette crise, puisque dit-il son équipe se déploie pour en limiter les effets. Il reste que les années qui arrivent ne ressembleront certainement pas aux précédentes et les Algériens doivent revenir à un train de vie plus proche des moyens dont dispose leur pays.