Le projet de loi de finances peut «pousser le pays vers une récession économique, un recul de la consommation avec l'effondrement du pouvoir d'achat». Louisa Hanoune a mis en garde, hier, contre les effets d'une politique de rigueur budgétaire. Alignant toutes les critiques qu'elle formule depuis plusieurs années, contre ce qu'elle qualifie de virage libéral de la politique gouvernementale, la secrétaire générale du Parti des travailleurs n'a pas manqué de dire tout le mal qu'elle pensait du projet de loi de finances 2016. projet qui cristallise, selon Mme Hanoune, toute l'offensive dirigée par «l'oligarchie» contre la société. Ainsi, sa lecture est on ne peut plus directe, au sujet de ce projet de loi. Elle estime que «la tendance générale du projet de loi de finances 2016 va vers la paupérisation de la classe moyenne de la société et la précarisation totale des couches les plus vulnérables». En fait, la première trotskiste du pays refuse l'argument du gouvernement sur la baisse des recettes pétrolières. Elle va jusqu'à accuser le gouvernement de tirer profit de cette situation pour imposer une sorte de fait accompli et faire payer aux classes moyennes la facture de la crise financière, tout en faisant des cadeaux aux riches, sous prétexte que les avantages amèneraient plus d'investissements de leur part, donc plus de croissance. Louisa Hanoune ne croit pas un seul mot de ce que dit le concepteur du projet de loi de finances 2016. Elle ne voit pas du tout le taux de croissance pointer à 4% comme le prévoit le gouvernement. Bien au contraire, la patronne du Parti des travailleurs dresse un tableau noir de l'économie nationale. Le texte de Abderrahmane Benkhalfa est de nature à «pousser le pays vers une récession économique, un recul de la consommation avec l'effondrement du pouvoir d'achat, la chute de la production nationale et l'annulation de grands projets qui accentuerait le problème du chômage». Même si cette vision est idéologique, tout à fait conforme au discours traditionnel du trotskisme, il reste que ce pessimisme est tout de même partagé par un certain nombre d'observateurs. En fait, la spirale où s'engouffre l'économie nationale, en raison de la rigueur budgétaire préconisée par le ministère des Finances n'est pas une vue de l'esprit et risque de conduire à une récession comparable à celle que le pays a connue suite au choc pétrolier de 1986. Cependant, ce que ne dit pas Louisa Hanoune, c'est que l'investissement privé dans de nombreuses filières industrielles peut constituer une planche de salut pour l'économie nationale. Cela en plus des nombreux projets de partenariat initiés par le gouvernement et dont l'impact sur les importations n'est pas à démontrer. Mais cela suffit-il à éponger le recul des investissements publics? La réponse est bien entendu négative, ce qui renforce la détermination de la secrétaire générale du PT à taper fort sur un gouvernement qu'elle dit acquis à l'oligarchie. Celle-ci, souligne-t-elle, pourrait profiter du nouveau Code des investissements pour s'imposer davantage. Aussi, Louisa Hanoune met en garde contre «les fuites des capitaux vers l'étranger, la privatisation des entreprises publiques, la menace contre le secteur public et la souveraineté économique du pays». Autant de méfaits susceptibles d'être engendrés par ledit Code des investissements. En fait, les lignes rouges que trace la secrétaire générale du PT sont d'ordre principalement idéologique. Mais la trotskiste nationale parvient à leur donner un prolongement social, à même d'effrayer beaucoup d'Algériens. Il n'en demeure pas moins que le scénario du pire qu'elle préconise est de l'ordre du possible.