Dérèglement. Tout le monde s'accorde à dire que la COP21 de Paris est la plus importante des 20 précédentes. Par, au moins, le nombre de pays participants. Pour le reste, il faut relativiser et éviter tout surdimensionnement. A travers les discours et prises de position, on remarque certaines confusions sémantiques. Certains parlent de «dérèglement climatique». D'autres de «changements climatiques». D'autres encore de «réchauffement de la planète». Ces derniers avancent même des degrés à ce réchauffement. La catastrophe, si rien n'est fait, est prévue pour la fin de ce siècle. A ce stade se pose une question. Comment a-t-on pu prévoir l'évolution du climat pour les 100 prochaines années alors que la science ne permet jusque-là que des prévisions hebdomadaires? Avec, quelquefois des ratés. Sellal, notre Premier ministre, rappelle dans son discours à Paris que ces prévisions de changement ont été «définies par la science par la voix de l'autorité scientifique du climat de notre convention-cadre de Rio». De ce fait, la définition devient politico-scientifique. La suite va le confirmer. Ce qui est mis en cause dans ce «dérèglement», ce sont les émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci proviennent des énergies fossiles (hydrocarbures et charbon notamment). Donc, il faut éliminer cette cause et passer à des énergies «propres». On peut légitimement penser aux énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique, etc). Pas tout à fait car il y a comme un souci d'épargner l'énergie nucléaire qui, elle, n'est pas renouvelable. Alors, on a trouvé la parade en employant le terme «d'énergie décarbonée». En faisant mine d'oublier les risques encourus par l'humanité avec ce type de production d'énergie. Les catastrophes de Tchernobyl et plus récemment de Fukushima sont mises sous étouffoir. Et pour cause, le pays hôte de la COP21, la France, est leader dans la production et la réalisation des centrales de cette énergie «décarbonée». Ce qui revient à considérer le réchauffement plus dangereux pour la planète que la radioactivité. Ceci ne veut pas dire que ce sont là les seuls enjeux. Ils sont plus nombreux et plus complexes. Le passage d'une forme d'énergie à une autre nécessite une phase de «transition». Qui peut croire un seul instant que les Etats-Unis, surtout depuis l'exploitation du gaz de schiste, vont, d'un trait de plume, abandonner ces ressources et passer aux énergies renouvelables? Ou même «décarbonées». Que fait-on de la puissance de «frappe» de l'industrie américaine? Que fait-on de l'autre grand «pollueur» qu'est la Chine et de la puissance de son économie? Mais aussi des pays émergents qui n'accepteraient pour rien au monde d'être freinés par une quelconque «transition énergétique»? On aura remarqué également le profil bas de l'Angleterre à la COP 21 qui tient à son pétrole de la mer du Nord. Ou celui de la Norvège pour les mêmes raisons. Reste l'Inde, plus riche par sa population que par son industrie, qui n'hésite pas à prendre l'initiative de promouvoir l'énergie solaire à l'échelle mondiale. C'est ainsi qu'a été lancée, hier à Paris et en marge de la COP 21, «l'Alliance solaire internationale» qui regroupe 121 pays dont l'Algérie. 51 pays africains ont rejoint cette alliance. Ce sont tous des pays à forts taux d'ensoleillement. A l'exception des pays du Golfe dont seulement trois font partie de ce regroupement. Ce qui se comprend, vu l'importance de leur production pétrolière et une démographie réduite. Pour l'Algérie, les données sont différentes. Nous avons du pétrole et, plus encore, du gaz qui est relativement «propre». Nous avons aussi du soleil «à revendre». Notre industrie naissante nous autorise une «transition» tranquille. Pétrole, gaz ou solaire, nous avons les trois. Pour le présent et le futur. D'où notre positionnement à la COP 21!