Des chefs terroristes toujours en cavale La question est de savoir comment les deux chefs terroristes sont-ils arrivés à un compromis alors qu'ils sont considérés comme des rivaux incontestables? Après un long retrait, alors que sa présence a été signalée dans les maquis de Jijel, le présumé numéro un d'Al Qaîda au Maghreb islamique Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdel Wadoud, avertit sur le ralliement de l'organisation criminelle El Mourabitoune dirigée par le tristement célèbre Mokhtar Belmokhtar à Al Qaîda au Maghreb islamique. Usant d'un message audio diffusé vendredi dernier sur plusieurs sites terroristes, Abdelmalek Droukdel a également revendiqué la prise d'otages orchestrée le mois de novembre dernier à Bamako capitale du Mali. Cette dangereuse alliance intervient trois semaines après les attentats de Paris pour signifier un combat contre la France dont des troupes militaires se trouvent actuellement au Mali. Dans ce même enregistrement, le sinistre Droukdel annonce que «l'alliance des deux groupes (terroristes) s'est concrétisée lorsque deux martyrs ont signé par le sang cette unité en attaquant l'hôtel Radisson en plein coeur de la capitale de l'ennemi à Bamako», rappelant la prise d'otages qui a occasionné la perte de 20 captives. Droukdel, qui ne dispose pourtant plus d'aucun soutien financier, terré avec quelques-uns de ses fidèles dans les maquis, s'accorde l'autorité de menacer la sécurité dans le monde, quand il affirme dans son enregistrement que «les attentats de Paris qui ont fait 130 morts le 13 novembre - revendiqués par le groupe Etat islamique - étaient le prix à payer pour les crimes commis par ses gouvernements successifs et son armée». A noter que le 20 novembre dernier, dans un document sonore, le groupe de MBM avait prétendu: «Nous les Mourabitoune, avec la participation de nos frères d'Al-Qaîda au Maghreb islamique, revendiquons l'opération de prise d'otages à l'hôtel Radisson.» Refusant de s'allier à l'Etat islamique, plus connu sous le nom de Daesh, le sinistre MBM présenté comme l'un des chefs terroristes les plus recherchés et d'ailleurs l'un des plus redoutés dans la zone du Sahel avait «réaffirmé la loyauté de son groupe au réseau Al-Qaîda et démenti l'allégeance à l'Etat islamique proclamée par un autre dirigeant des Al-Mourabitoune». Très mobile entre le Tchad, le Niger, le Mali et la Libye, MBM investit également dans tout genre de trafic, étant le signataire de l'attentat contre un site gazier au sud du pays, à Tinguentourine, dans la localité d'In Amenas. Ses sbires ont été tous neutralisés suite à un assaut spectaculaire d'une unité spéciale de l'ANP qui, en un temps record mettra fin à la plus grande prise d'otages dans l'histoire avec un minimum de victimes. C'est en Libye qu'il décide d'émigrer pour mettre au point ses plans. La question est comment les deux chefs terroristes MBM et Droukdel sont-ils arrivés à un compromis alors qu'ils sont considérés comme des rivaux incontestables? La naissance de Daesh aura-t-elle eu un impact pour unir les plus grands ennemis terroristes? Ou est-ce juste une diversion pour tromper l'opinion publique? MBM a toujours agi selon sa propre conviction criminelle pour une question d'argent et de pouvoir sur le Sahel, déclinant de s'allier avec d'autres chefs terroristes pour consolider son autorité, surtout au Sahel. Un couloir que beaucoup cherchent à contrôler et par où passent tous les trafics juteux.