Avant même que l'annonce de la revendication soit rendue publique, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que le leader d'Al-Mourabitoune, Mokhtar Belmokhtar, "est sans doute à l'origine" de l'attentat à l'hôtel Radisson Blu à Bamako. Il devait certainement avoir en sa possession des indices menant à cette voie. En effet, bien avant que la chaîne de télévision qatarie, al-Jazeera, n'officialise la revendication en diffusant un enregistrement audio de ce groupe terroriste dans lequel il s'attribue la paternité de la prise d'otages, Al-Mourabitoune avait tweeté l'information. En outre, le site d'information mauritanien "Al-Akhbar" avait également affirmé avoir reçu une revendication commune d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d'Al-Mourabitoune. Pour en revenir au document sonore diffusé par Al-Jazeera, la voix d'un homme affirme : "Nous, les Mourabitoune, avec la participation de nos frères (...) d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), revendiquons l'opération de prise d'otages à l'hôtel Radisson". Donné plusieurs fois pour mort, dont la dernière était en juin 2015, Mokhtar Belmokhtar vient de confirmer donc qu'il est toujours en vie. Pour rappel, il est l'un des chefs terroristes les plus actifs dans la région du Sahel. Il s'était notamment signalé en janvier 2013 en revendiquant la prise d'otages meurtrière de la base de Tiguentourine à In-Salah, dans le sud-est de l'Algérie. Le même groupe avait également revendiqué l'attaque du 7 mars dernier contre un bar-restaurant de Bamako, qui avait fait cinq morts, trois Maliens, un Français et un Belge. "Al-Mourabitoune" est né de la fusion du groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar et d'une autre formation liée à Al-Qaïda opérant dans la même région. En mai dernier, Belmokhtar a réaffirmé la loyauté de son groupe à Al-Qaïda et démenti l'allégeance à l'organisation de l'Etat islamique (EI/Daech), proclamée par un autre dirigeant d'Al-Mourabitoune. Al-Mourabitoune s'est, de nouveau, démarqué de Daech et a associé Al-Qaïda à son nom dans un communiqué daté du 17 juillet, sous l'appellation Al-Mourabitoune-Al-Qaïda du jihad en Afrique de l'Ouest. Le même communiqué avait indiqué que Khaled Abou al-Abbas, le nom sous lequel Mokhtar Belmokhtar est connu dans les milieux terroristes, "a été élu par le Conseil de la choura des mourabitoune émir" du groupe. Cela étant, le gouvernement malien a annoncé un deuil national de trois jours et l'état d'urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit, après l'attaque sanglante d'un hôtel international à Bamako. Ces mesures ont été décidées lors d'un Conseil des ministres extraordinaire présidé, jusque tard dans la soirée de vendredi, par le chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, (IBK) rentré précipitamment en fin de journée d'un sommet de pays du Sahel à N'Djamena, au Tchad, en raison de l'attaque à Bamako contre l'hôtel Radisson Blu, dans une zone réputée sécurisée. Le gouvernement "a déclaré l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national à compter du 20 novembre à minuit (nuit de vendredi à hier) pour une durée de 10 jours", a indiqué un communiqué diffusé par la radio et la télévision publique malienne, ORTM.