Valls et Cambadélis en un combat douteux Tout n'est pas perdu dans le royaume de Navarre même si les porte-étendards du FN, Marine et Marion Le Pen, ainsi que leur mentor Florian Philippot, pavoisent à satiété. Le sentiment général a surgi à la Une des quotidiens Le Figaro et l'Humanité, des titres que tout oppose sur l'échiquier politique. «Le choc», ont titré de concert, hier, les deux journaux pour traduire l'état d'esprit des Français au lendemain du premier tour des élections régionales. Si dans les états-majors de la droite et de la gauche, on était enclin au vertige, beaucoup ne cachant guère leur amertume devant un score pourtant prévisible depuis de longs mois, au Front national l'euphorie était de mise. Le parti d'extrême droite est en effet le grand vainqueur du scrutin de dimanche dernier, se positionnant en tête dans six des treize nouvelles régions. Ainsi, le FN obtient 29,5% des voix, devançant Les Républicains et son allié du centre UDI ainsi que le PS et les divers mouvements de la gauche, alliés ou en rupture de ban avec les derniers éléphants de la rue de Solférino. Ces derniers avaient la mine sombre des mauvais jours, le score de 23% préfigurant un résultat catastrophique en 2017. Pour relativiser la sentence des urnes, et tous les intervenants du PS comme de la droite s'y sont évertués, il faut certes noter que seul un électeur sur deux s'est rendu aux urnes. Autant dire que tout n'est pas perdu dans le royaume de Navarre même si les porte-étendards du FN, Marine et Marion Le Pen, ainsi que leur mentor Florian Philippot, pavoisent à satiété et claironnent à qui veut les entendre que le moment est venu de «réaliser l'unité nationale dont le pays a besoin». Cette volonté, assise sur un programme qui n'a que peu ou prou varié depuis les premières joutes de Jean-Marie Le Pen sous les thèmes du racisme, de l'immigration et de la xénophobie, va profiter de la progression des thèses de l'extrême droite en France. Les regards des stratèges sont désormais rivés sur le rendez-vous électoral de 2017 et, plus que jamais, Marine Le Pen est vue comme la future locataire de l'Elysée, première femme à occuper le poste de présidente de la République française. Tel est l'enseignement que beaucoup tirent de ce premier tour des régionales, certains en silence et presque résignés, d'autres sur le ton des pleureuses qui s'efforcent de jouer aux Cassandre, sauf que le pire est pour cette fois assuré. L'échec de la politique d'Emmanuel Valls, sous la houlette benoîte de François Hollande, est avéré, voire même «cinglant» pour souscrire au verdict du Figaro. Les grandes parades de janvier et de novembre derniers, contre le terrorisme, n'ont pas eu le moindre effet sur le marasme des banlieues et de la province mortifères qui semblent avoir décidé d'en finir avec la classe politique traditionnelle. Le FN est en pole position dans la région Nord-Pas de Calais-Picardie, en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine, et en Provence-Alpes-Côté d'Azur. Il est en outre aux premières loges en Bourgogne-Franche-Comté et au Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Aspect déterminant, Marine et Marion Le Pen ont toutes deux bénéficié de plus de 40% des suffrages du premier tour, malgré des campagnes de mise en garde, au bout du compte stériles. Le parti d'extrême droite confirme ainsi son inexorable progression, depuis cinq ans: 11,4% aux régionales de 2010, 17,9% à la présidentielle de 2012, 24,86% aux européennes de 2014, 25,2% aux départementales en mars 2015. Plus encore, il essaime dans toutes les catégories sociales, se nourrissant du contexte socio-économique difficile et d'un rejet de plus en plus manifeste des partis politiques diluviens. De ce fait, la stratégie qui consiste à mobiliser les consciences pour faire un barrage républicain n'est pas plus garante de succès. En outre, Nicolas Sarkozy a rejeté cette démarche, quitte à heurter ses alliés centristes, et aggraver la chute face au FN qui surfe sur les hantises des uns et les angoisses des autres, avec la joie mauvaise du vainqueur parvenu.