Martin Kobler a encore du pain sur la planche Outre la nécessité de mettre fin aux souffrances continues qui sont infligées au peuple libyen, les pays mobilisés à Rome sont convaincus pleinement de l'urgence de la solution politique... La Conférence internationale sur la Libye, réplique de celle de Vienne consacrée à la Syrie, s'ouvrira demain à Rome avec la participation des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Grande-Bretagne, de la France, l'Italie, l'Espagne et des pays voisins dont l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte pour se pencher sur les résultats obtenus par la médiation onusienne et surtout les conditions d'une relance pressante des discussions entre les parties au conflit pour la mise en place, dans le cadre du dialogue politique, d'un gouvernement d'union nationale capable de gérer la période transitoire. Cette réunion a lieu à un moment critique du processus puisque, la semaine dernière, une initiative a regroupé à Tunis, les représentants des deux Parlements de Tripoli et de Tobrouk, en l'absence remarquée de toute autre participation. Or, la validité même d'un Accord ne saurait être pérenne sans l'aval de la communauté internationale qui agit depuis une année par le biais de la médiation conduite par le représentant du secrétaire général de l'ONU. Outre la nécessité de mettre fin aux souffrances continues qui sont infligées au peuple libyen, les pays mobilisés à Rome sont convaincus pleinement de l'urgence de la solution politique, dans une Libye plus que jamais confrontée non seulement aux drames politico-économiques mais surtout aux graves menaces sécuritaires induites par la présence grandissante des groupes terroristes dont celui de Daesh, avec de multiples ramifications au niveau régional maghrébin et sahélien. La situation de blocage qui perdure depuis des mois, et les risques flagrants de dérapage illustrés par plusieurs attentats et par des affrontements entre les milices de telle ou telle faction, témoignent de la dérive dont profitent pleinement les groupes terroristes et les milieux de la contrebande d'armes et de drogue, souvent partenaires. C'est pourquoi la médiation onusienne doit être renforcée, et l'Algérie a maintes fois réitéré son soutien ferme et diligent à son action, pour espérer résoudre le dilemme du blocage aussi bien politique qu'institutionnel dont se nourrissent les adversaires acharnés du processus de sortie de crise. Présidée par le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, la Conférence accueillera également le nouveau représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler ainsi que l'Union européenne tandis que l'Algérie sera représentée par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Si le risque d'un éclatement de la Libye en diverses entités plus ou moins tribales semble pratiquement écarté, la forte présence des deux factions qui s'affrontent pour dominer le pays, les gouvernement et parlement de Tobrouk reconnus par la communauté internationale (Cyrénaïque) et appuyés par plusieurs pays arabes du Golfe, d'une part, et les gouvernements et Parlement (CGN) de Tripoli (Tripolitaine), d'autre part, ont facilité par leurs affrontement la montée en puissance de Daesh et Aqmi, au Sud-Est de la Libye, rejoints depuis peu par Boko Haram. En se penchant sur la question libyenne, les pays présents à Rome auront au moins l'avantage par rapport aux discussions de Vienne d'avoir un consensus minimal sur la solution politique qui est communément admise comme étant la démarche incontournable. Restent les modalités de concrétisation de cet objectif afin de mettre fin au plus vite aux rivalités meurtrières et aux combats sporadiques qui minent le pays. Dés lors que l'intégrité territoriale et la souveraineté de la Libye sont des conditions indiscutables pour tous les participants, il ne reste aux pays qui vont être à Rome au chevet de la Libye qu'à transcender les déclarations habituelles sur leurs «inquiétudes» face aux fauteurs de guerre pour appliquer les mesures susceptibles de convaincre les plus récalcitrants d' adhérer au projet onusien de transition politique, comme l'a énoncé voici quelques jours le Conseil de sécurité de l'ONU. Car la situation actuelle ne saurait perdurer outre mesure, et déjà des voix s'élèvent de jour en jour pour rendre inéluctable l'hypothèse d'une intervention militaire pourtant officiellement rejetée par toute la communauté internationale. Il n'empêche que le Premier ministre français, Manuel Valls, vient d'emboîter le pas à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en assurant hier vendredi qu'il fallait ́ ́combattre et écraser ́ ́ le groupe Etat islamique (EI) ́ ́en Syrie, en Irak et demain sans doute en Libye ́ ́, où l'armée française a effectué en novembre plusieurs vols de reconnaissance dans la région de Syrte où prédomine Daesh.