Le peuple libyen veut la paix On attend donc la suite que Tripoli et Tobrouk vont réserver à cette initiative, et surtout leur prise en compte des appels multiples de la communauté internationale dont l'Onu, l'Union africaine et plusieurs pays comme les Etats-Unis... Après que les représentants des Parlements de Tripoli et de Tobrouk, réunis à Gammarth, dans la banlieue de Tunis, eurent annoncé la conclusion d'un accord de principe pour la constitution d'un gouvernement d'union à la condition que le projet soit approuvé par les deux factions rivales, les réactions n'ont pas tardé du côté de l' ONU et du Groupe des pays voisins. S'exprimant sur le conflit en Libye et la démarche pour parvenir à son règlement, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a indiqué que la position de l'Algérie est «constante et demeure inchangée» et qu'elle est basée sur «les fondamentaux du respect de la souveraineté de ce pays, de son intégrité territoriale et de son unité ainsi que de la cohésion de son peuple». De son côté, le nouveau représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a rappelé que l'accord politique, conclu sous l'égide des Nations unies, constitue la «base» incontournable pour une solution à la crise, la garantie par l' ONU d'une application scrupuleuse de l'accord étant nécessaire et suffisante. Messahel a, en ce sens, réitéré «l'appui ferme» de l'Algérie aux «efforts de l'ONU et aux propositions du représentant spécial, dont l'objectif est de «mettre en place en urgence un gouvernement d'unité nationale chargé de gérer la période transitoire et de faire face aux multiples défis politiques, sécuritaires et économiques ainsi que de lutter contre le terrorisme et, notamment contre Daesh et ses connexions liées au crime organisé, à travers les trafics d'armes et de drogues». La même attitude avait sanctionné la réunion du Groupe des pays voisins de la Libye, tenue à Alger, dont le communiqué final a mis l'accent sur «le soutien fort au processus onusien et aux efforts de l'émissaire de l'ONU», confortant le sentiment selon lequel l'accord politique sous l'égide de l'ONU est la «pierre angulaire de la résolution de la crise». D'ailleurs, la Tunisie a réagi le soir même, par le biais de sa diplomatie, pour saluer l'annonce de l'accord mais aussi appeler à sa concrétisation dans le cadre naturel de la médiation onusienne. On attend donc la suite que Tripoli et Tobrouk vont réserver à cette initiative, et surtout leur prise en compte des appels multiples de la communauté internationale dont l' ONU, l'Union africaine et plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie, de plus en plus impatients quant à la proclamation d'un accord et d'un gouvernement d'union. C'est que les enjeux sont importants car la mise en place de ce gouvernement, chargé de rétablir la paix et la sécurité, c'est-à-dire, en filigrane, de lutter contre les multiples groupes terroristes qui infestent le sud du pays, doit permettre, à tous ces pays, un retour en force au plan économique, notamment sur les champs pétroliers et la reconstruction des villes saccagées, d'une part, et un redéploiement à travers la reprise des ventes d'armes ainsi que l'assistanat aux forces de sécurité libyennes en termes d'équipement, de formation, voire même d'encadrement, d'autre part. L'enjeu pour les pays voisins de la Libye est évidemment autre, parce qu'il a trait essentiellement aux problèmes de sécurité et de lutte antiterroriste. Non seulement, il y a la progression continue de Daesh qui accueille tous les fuyards d'Irak et de Syrie, mais l'implantation d'Aqmi pèse tout autant sur la mobilisation des forces aux frontières, sachant que la conjonction avec les autres groupes que sont Boko Haram et les Chebab est désormais établie. L'annonce par le Pentagone de l'élimination d'Abou Nabil, de son vrai nom Najm Zayd Al Zubaydi, chef de l'Etat islamique en Libye et transfuge d'Al Qaîda, et celle d'Abderrahmane Sandhere, un membre important des Chebab somaliens reflète cette interactivité des mouvements terroristes. Si l'on considère ces paramètres à la lumière des données selon lesquelles pas moins de 31.000 terroristes venant de 86 pays sont présents en Syrie et en Irak et que, parmi eux, on compte quelque 8000 Maghrébins dont les deux tiers viennent de Tunisie et 5000 Européens dont plus de 1700 Français, cela suffit à situer l'ampleur de la menace que chaque pays doit anticiper. Résoudre la crise libyenne n'est par conséquent ni un acte de charité ni une opération de pur prestige mais bel et bien une urgence pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité commune.