Plus de 4 millions de personnes se déplacent quotidiennement à Alger dans des conditions extrêmement difficiles. Le ministère des Transports vient d'effectuer une enquête ménages sur les déplacements dans l'agglomération d'Alger. L'étude réalisée par le Groupement EMA/Betur-Ceneap entre février et mai 2004, a couvert les 57 communes de la capitale, soit une population de presque 3 millions d'habitants représentant 474 118 ménages. Les résultats ont été livrés, hier au siège du ministère de tutelle, lors d'une journée d'information. La rencontre a regroupé les directeurs des transports de plusieurs wilayas et en présence de M.Maoula, le SG du ministère. L' investigation menée sur le terrain permet selon ses initiateurs «de faire un état des lieux et permettre la planification et l'organisation des différents modes de transport tout en participant à la prise de décision en matière d'investissement». Le secteur est en butte à d' inextricables problèmes dont la première victime reste incontestablement le citoyen. Ainsi plus de 4 millions de personnes se déplacent quotidiennement à Alger dans des conditions extrêmement difficiles. Pour M.Touati, directeur du transport urbain et de la circulation qui a animé les travaux de la rencontre, «l'étude a pour but d'apprécier l'impact des politiques d'urbanisme et de transport sur la mobilité des populations. Elle contribue également à évaluer les performances et les déficiences du réseau des transports urbains.» L'étude sera adaptée aux autres villes du pays qui souffrent de congestion et d'engorgement. Les tranches d'âge touchées par les sondages varient entre 56% de moins de 31 ans et 34% entre 16 et 30 ans. L'enquête a révélé que plus de quatre millions de déplacements interviennent quotidiennement. 56 % des déplacements se font à pied et 44% en modes motorisés. Parmi les déplacements à pied, 14,15% concernent le trajet domicile-travail et 61,1% le trajet domicile -études. L'apport des transports collectifs dans la prise en charge des déplacements motorisés est de l'ordre de 65%, soit presque 1 million et demi de personnes par jour avec une durée de 48 minutes soit 10% de plus qu'il y a dix ans. La part belle revient aux transporteurs privés qui couvrent plus de 53% du total des usagers soit plus d'un million de personnes par jour. Contrairement aux idées reçues, le transport public ne joue pas pleinement son rôle. On comprend aisément d'où viennent les défaillances puisque le transport privé, qui est censé être un palliatif, a été appelé à s'investir d'une mission qui n'est pas la sienne. Ainsi et selon le rapport d'enquête, 2% des usagers utilisent le train, soit 42.000 personnes par jour. L'Etusa ne couvre que 1,7 % du secteur. Quant au transport par câble (téléphérique), il assure les déplacements de 0,12% du total, soit 2 461 passagers. La tranche horaire des déplacements motorisés se situe entre 8 et 9 heures du matin et 17 et 18 heures de l'après-midi. Cette forte pression sur le transport a lieu généralement en début et en fin de matinée à la sortie des bureaux et des établissements scolaires. C'est ce qu'on appelle dans le jargon propre aux professionnels du secteur : les déplacements obligés. Concernant la motorisation des ménages, il a été constaté que 42% des familles algéroises possèdent leurs propres véhicules. Ce qui revient à dire que le parc automobile s'est nanti grâce notamment à la formule de facilité de paiement sans pour cela contribuer à résoudre le problème du transport. La côte Est se trouve être celle qui enregistre le plus grand flux des allers-retours surtout les axes Mohammadia-Bab Ezzouar, Rouiba-Réghaïa, Bab Ezzouar et Dar El Beïda. Dans le sillage de l'enquête, un sondage d'opinion a été entrepris auprès de la population d'Alger. Il fait état de 65% des personnes interrogées qui jugent la circulation dans la capitale mauvaise. La qualité des prestations de service est décriée par 44 % de la population sondée et 58% de celle-ci se dit prête à payer plus cher pour être mieux transportée. S'agissant de la tarification, les usagers estiment que les tarifs pratiqués par l'Etusa sont abordables. Quant à ceux pratiqués par les taxis, les personnes interrogées qui représentent 73% de l'ensemble des citoyens, sont jugés hors de portée. Concernant le métro, M. Touati a affirmé que la dernière tranche du projet sera achevée dans 30 mois.