La tendance est à la baisse Tout comme pour les voitures, l'Aadl et le LPP ont donné un coup de frein à la vente de logements proposés par les promoteurs privés et les particuliers. Très à la mode ces dernières années, le marché privé de l'immobilier est en souffrance. En effet, comme le marché de l'automobile, sa bulle spéculative est en train d'exploser. Les experts expliquent ce recul par de petites lettres: Aadl et LPP. Ce ralentissement commence à se traduire par un début de réduction des prix proposés, aussi bien par les propriétaires que par les promoteurs immobiliers. Depuis ces derniers mois, d'aucuns constatent une profusion sans précédent d'annonces publicitaires lancées par les promoteurs privés pour écouler leurs logements neufs. «Les différents programmes publics de réalisation de logements (Aadl, LPP...) ont eu un impact certain sur l'activité des promoteurs immobiliers privés», souligne un promoteur immobilier à Oran et ancien président de l'Union nationale des promoteurs immobiliers (Unpi), Larbi Chemmam. «Ces programmes publics ont poussé certains promoteurs privés à réduire leur cadence, mais il faut dire que les promoteurs les plus vulnérables sont généralement les moins professionnels», relève-t-il. Dans ce sens, le président de la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai), Abdelhakim Aouidat, observe que depuis le début de l'année 2015, les prix du logement ont baissé de 10%, et si la situation se poursuit au même rythme, cette baisse pourrait être de l'ordre de 30 à 40% d'ici à quelques mois. Cette tendance baissière représente, selon lui, un ajustement naturel des prix qui ont atteint des seuils exagérément élevés, provoquant une baisse brutale de la demande. Néanmoins, cette baisse a fait le bonheur du marché de la location qui gagne, en revanche, du terrain. «Les différents programmes de logements lancés par le gouvernement et le fait que beaucoup de demandeurs se soient rabattus sur la location, sont des facteurs favorisant la baisse des prix de cession», estime M.Aouidat. Selon lui, un logement coûte actuellement, en moyenne, cinq fois plus que sa vraie valeur, en pointant du doigt les acteurs informels de l'immobilier qui contrôlent, avance-t-il, 80% du marché. Dans la plupart des pays du monde, poursuit-il, le prix du terrain représente 30% de la valeur du bâti, alors qu'en Algérie, le terrain coûte jusqu'à 10 fois le prix du bâti à cause de la spéculation, tandis qu'en raison des prix relativement stables des matériaux de construction, la spéculation sur le prix du bâti est plus difficile. Pour un autre agent immobilier, la cherté des logements amène de plus en plus les gens à se rabattre sur la location pour laquelle une forte demande est exprimée. Le ralentissement du marché de la promotion immobilière privée est aussi dû à d'autres facteurs, dont la réticence des acquéreurs potentiels à l'acquisition, en raison de la crise financière que traverse le pays. «Beaucoup de gens préfèrent ne pas dépenser leur argent, craignant de s'exposer aux risques générés par la baisse des prix du pétrole», selon M. Chemmam. De surcroît, expliquent d'autres promoteurs, des détenteurs de l'argent informel, qui avaient l'habitude d'investir dans l'immobilier, commencent, chez certains, à se détourner progressivement de ce créneau, à la faveur de la loi de finances complémentaire 2015 qui leur permet de bancariser leur argent contre une taxation forfaitaire. S'ajoute également l'autre mesure introduite par le décret exécutif de juin dernier rendant obligatoire, depuis juillet 2015, le paiement par chèque ou tout autre moyen de paiement scriptural toutes les transactions dépassant le seuil de cinq millions DA pour les transactions immobilières. Avec l'impact de l'ensemble de ces facteurs, «les promoteurs immobiliers ont dû réduire leur marge bénéficiaire, la demande n'étant plus au niveau d'avant», conclut M.Aouidat.