Après une décennie de flambée des prix, le marché de l'immobilier se calme en Algérie. Victime de ses excès, fragilisé par la morosité économique et les multiples programmes publics de l'habitat qui ont vu le jour, il pourrait subir une décrue plus brutale que prévu. En effet, depuis le début de l'année, le marché de l'immobilier enregistre un ralentissement qui se traduit par un début de réduction des prix proposés aussi bien par les propriétaires que par les promoteurs immobiliers, alors que la location gagne, en revanche, du terrain. Selon le président de la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai), Abdelhakim Aouidat, cité par l'APS, «les prix du logement ont connu depuis le début de l'année une baisse de 10%, et si la situation persiste, cette baisse pourrait être de l'ordre de 30 à 40% d'ici à quelques mois». Cette tendance baissière représente, selon lui, un ajustement naturel des prix qui ont atteint des seuils exagérément élevés, provoquant une baisse brutale de la demande. Le prix du mètre carré à Alger est parfois plus cher que Miami et Los Angeles (Etats-Unis), d'après le responsable du site Lamudi, l'un des leaders mondiaux des annonces immobilières en ligne, cité par TSA. Il précise que pour l'Algérois, la moyenne est de 2500 euros (442 500 DA) le mètre carré, mais dans des quartiers huppés comme Hydra ou Poirson, le prix atteint facilement les 4000 euros (708 000 DA)», précise-t-il. Ces prix devraient connaître une baisse sensible les prochains mois avec les différents programmes de logements lancés par le gouvernement et le fait que beaucoup de demandeurs se soient rabattus sur la location.» Les projets de réalisation de logements (AADL, LPP...) ont eu un impact certain sur l'activité des promoteurs immobiliers privés», a souligne un promoteur immobilier à Oran et ancien président de l'Union nationale des promoteurs immobiliers (Unpi), Larbi Chemmam. «Ces programmes publics ont poussé certains promoteurs privés à réduire leur cadence, mais il faut dire que les promoteurs les plus vulnérables sont généralement les moins professionnels», relève-t-il. 80% du marché contrôlé par l'informel Selon le président du Fnai, un logement coûte actuellement, en moyenne, cinq fois plus que sa vraie valeur, en pointant du doigt les acteurs informels de l'immobilier qui contrôlent, avance-t-il, 80% du marché. Dans la plupart des pays du monde, poursuit-il, le prix du terrain représente 30% de la valeur du bâti, alors qu'en Algérie, le terrain coûte jusqu'à 10 fois le prix du bâti à cause de la spéculation, tandis qu'en raison des prix relativement stables des matériaux de construction, la spéculation sur le prix du bâti est plus difficile. Avec la nouvelle politique du gouvernement orientée vers la production massive de logements, le marché de l'immobilier prendra un coup dur à l'avenir. Le ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, avait assuré récemment que la crise du logement prendra fin en 2019. «Notre stratégie, a-t-il dit, est d'aller vers un règlement définitif de la crise avant la fin du programme quinquennal actuel puis viendra la réalisation en fonction de la demande.» Les Algériens vont se rabattre sur la location que l'achat d'immobilier, puisque l'état s'engage à satisfaire la demande de logement.