Il était impossible de savoir, hier, si les victimes, disparues depuis deux jours, avaient subi des sévices sexuels ou bien des prélèvements d'organes. Enlevés depuis deux jours à Bourouba, trois petits enfants, âgés de cinq et trois ans, ont été retrouvés sans vie hier, tard dans la soirée. Ce sont des enfants qui ont retrouvé les dépouilles, cachées dans l'habitacle d'un frigidaire sur une place publique, M6, transformée en dépotoir. A l'heure où nous mettons sous presse, la police et les médecins légistes étaient sur place. L'enquête, qui en est à ses premières constatations, ne permettait pas de savoir si les enfants avaient subi des sévices sexuels, ou bien des prélèvements d'organes. Car, ce sont là les deux principales pistes privilégiées par les observateurs au moment où les enquêteurs gardent un silence prudent sur cette scabreuse affaire en attendant que l'enquête progresse. Il ne fait, du reste, aucun doute, qu'une conférence de presse, ou à tout le moins, une déclaration publique, soit faite incessamment ne serait que pour tranquilliser les familles. Il va sans dire, en effet, que la population de Bourouba, dans la commune d'El Harrach, vit une véritable angoisse depuis la disparition de ces trois chérubins. Une angoisse qui a connu son apogée à l'annonce de la découverte de ces trois petits corps sans vie. Pour rappel, la nouvelle de la disparition de ces trois enfants en bas âge a suscité une colère indescriptible. Une disparition qui a vite pris l'ampleur d'un enlèvement, tel que qualifié, hier, sur les ondes de la radio El Bahdja, par la mère de l'un des bambins. Il s'agit de la fillette A. Wissam, âgé de 5 ans, enlevée avant-hier dans son quartier, à quelques mètres du domicile parental, aux environs de 10h 30 le matin. La petite Wissam et sa voisine M'barka, également âgée de 5 ans, ainsi que le jeune enfant de 3 ans, R. Ahmed, jouaient ensemble au moment où des inconnus sont venus les enlever sans laisser la moindre trace derrière eux. L'enquête, qui en est à ses débuts, ne privilégie, pour le moment, aucune piste précise. C'est pourquoi, les services de police se sont gardés de faire la moindre déclaration. Les parents, pour leur part, redoutaient déjà le pire. Ils sont sûrs qu'ils ont fait l'objet d'enlèvement par des personnes malintentionnées, jusque-là non encore identifiées. Ce qui appuie davantage leur certitude, c'est ce qu'a rapporté la presse nationale dans son édition d'hier au sujet du rapt, samedi dernier, de deux écoliers à Chéraga, qui ont été ensuite retrouvés abandonnés sur un tronçon routier entre Aïn Benian et Baïnem. La maman de la petite Wissam s'est empressée, dès la matinée d'hier, au siège d'El Bahdja, pour lancer un SOS sur les ondes de cette radio de proximité. «J'ai récupéré hier (lundi dernier, Ndlr) ma fille Wissam de la mosquée de Bourouba où elle faisait l'apprentissage de la lecture coranique. Nous sommes rentrées à la maison et Wissam est de nouveau ressortie pour s'amuser avec M'barka et le bébé Ahmed dans la cour du quartier. Et subitement, ils ont tous les trois disparu», a-t-elle raconté entre sanglots et hoquets. Le père de Wissam, quant à lui, a déposé plainte au niveau de la sûreté urbaine de Bourouba. Contacté, le chargé de la communication de la sûreté de wilaya d'Alger nous a confirmé que toutes les mesures nécessaires ont été prises, notamment l'intensification des recherches à travers toute la capitale, en vue de retrouver les trois enfants disparus. «Je suis en contact permanent avec le frère de Wissam pour le tenir informé de l'évoluation de la situation», nous a déclaré hier, M.Boudahia, du commissariat central. Il faut rappeler, au passage, que pour ce qui est du rapts de Chéraga, les commanditaires au nombre de cinq font l'objet actuellement de recherches approfondies de la part des services de sécurité. Enfin, il convient d'ajouter que, selon le président de l'Office national des droits des enfants, «le détournement d'enfant est un phénomène qui existe depuis longtemps en Algérie», a-t-il déclaré hier sur les ondes d'El Bahdja.