On parle d'un réseau qui aurait pour mission d'alimenter des cliniques clandestines en Algérie et en Turquie. Des cornées et des reins prélevés sur des enfants enlevés. C'est devenu le sujet de prédilection des discussions et la hantise des parents à Oran. La rumeur s'amplifie au point où elle prend des allures de faits avérés. On parle d'un enfant retrouvé dépecé par-ci, d'un autre découvert les yeux dissimulés derrière un bandage par-là. Mais quand on demande des éclaircissements, des cas précis, c'est motus et bouche cousue. Les services en charge de la lutte contre la criminalité, même s'ils reconnaissent certains cas de disparition d'enfant non encore élucidés, refusent de croire la thèse de l'existence d'un réseau de trafic d'organes qui activerait dans la ville. Ni la police ni la gendarmerie n'ont confirmé les faits rapportés par le bouche-à-oreille. Pourtant, le Tout-Oran parle du cas d'une fillette enlevée l'année dernière devant son école à Aïn El Turck. Ses parents qui avaient déclaré sa disparition ont patienté dans la douleur durant de longs mois avant de la voir, un jour revenir, frapper à la porte de la maison. Elle paraissait en bonne santé et tenait un cabas dans la main, dans lequel se trouvaient des effets vestimentaires, des jouets et une importante somme d'argent. Passé la joie des retrouvailles, sa maman décide de l'enmener avec elle au hammam. Arrivée sur les lieux après avoir retiré les vêtements de sa fille, elle découvre que celle-ci portait de larges cicatrices au bas du dos. Des cicatrices qui ne pouvaient provenir que d'un objet tranchant comme un bistouri ou un scalpel. Inquiète, elle décide de présenter sa fille à un médecin qui lui recommande de passer une radiographie à son enfant. Et c'est au terme de cette radio qu'elle découvre que sa fillette avait subi l'ablation d'un rein. Elle a été enlevée puis confiée à un réseau de trafic d'organes qui devait répondre à une commande urgente dit-on. Le Tout Oran parle aussi du cas d'un enfant retrouvé, abandonné, aux abords de la gare routière, les yeux dissimulés par un bandage. L'enfant qui habiterait le quartier Les planteurs, aurait été enlevé à sa sortie de l'école. Sa disparition signalée, ses parents ont dû attendre des mois avant de le revoir vivant mais profondément meurtri par l'ablation de la cornée qu'il avait subie. A Oran, on parle d'un réseau qui aurait pour mission d'alimenter des cliniques clandestines en Algérie et en Turquie. Ce pays est devenu une place importante du trafic d'organes. Des professeurs sans scrupules officient dans des cliniques qui ne disposent même pas du minimum de conditions d'hygiène requises. Des enfants enlevés en Afrique et en Europe de l'Est sont conduits clandestinement vers ces lieux pour se retrouver donneurs malgré eux d'organes. Les enfants disparus à Oran auraient été victimes des pratiques de ces réseaux. Des rumeurs parlent même d'appartements où se pratiqueraient des opérations d'ablation d'organes. Ou se situent-ils, quel est le profil de la clientèle de ces réseaux et qui sont les médecins qui y officient? Des questions qui méritent réponse, mais en attendant que des cas précis soient relevés, la rumeur continue de grossir et chaque retard d'enfant devient source d'angoisse et de profonde inquiétude. Mais en attendant, bon nombre de dialysés se mettent à rêver d'un voyage d'Oran à Istanbul, un voyage pour la résurrection peut-être, mais à quel prix?