Hantise Vrais ou faux, les scénarios les plus macabres d?enlèvement, de torture et de dépècement d?enfants sont régulièrement rapportés. Ce qui s?est passé, hier, à Bourouba, n?est pas un «cas d?école». L?histoire des rapts d?enfants, tués et dépecés pour un rein qui vaut des millions ou pour une main qui servirait de talisman à des sorcières aux pouvoirs diaboliques, a constitué depuis longtemps un phénomène ayant suscité une véritable psychose généralisée dans nos villes et villages. Les histoires ? vraies ou fausses ? d?enfants démembrés par des charlatans pour chercher, avec, l?aumône sont galvaudées. Hier, c?étaient M?barka, Wissam, Abdelfetah. Même si la thèse du kidnapping a été écartée par le médecin légiste de l?hôpital Mutapha et la police, les parents n?en démordent pas. Pour eux, leurs rejetons n?ont pu être qu?enlevés et tués. Avant Bourouba, ce furent des histoires rocambolesques qu?on racontait un peu partout. On n?omettait pas non plus d?évoquer des cas d?enfants enlevés et assassinés après avoir subi les pires sévices sexuels. La phobie était telle que des parents ont dû même jouer les anges gardiens, en menottant leurs chérubins pour qu?ils ne deviennent pas une proie facile, une fois seuls dans la rue, sur le chemin de l?école. A Constantine, Annaba, Alger et Oran, pour ne citer que les grands centres urbains, on commençait alors à parler carrément d?un véritable gang de kidnappeurs qui rôde un peu partout à travers le pays pour prélever les reins d?enfants, les yeux, les mains ou les jambes ? Durant les années rouges du terrorisme, des cas édifiants ont été cités. A Oran, des enfants en bas âge, ont été retrouvés morts, sans reins et les Oranais parlaient de trafic d?organes d?enfants à grande échelle et aussi d?actes maléfiques alimentant le giron des sorcières. A Constantine, les faubourgs de Djebel el Ouahch et Lamy se remémorent toujours ces enfants innocents qui ont fait les frais de trafic d?organes avec la complicité tacité de cliniques «clandestines». En tout état de cause, les similitudes entre ce qui s?est passé hier après-midi à Bourouba et l?histoire des enfants victimes du rapt survenu samedi dernier, à Cheraga et ayant défrayé la chronique dans tout Alger, laissent redouter le pire. N?a-t-on d?ailleurs jamais entendu parler d?enfants enlevés à la sortie de l?école, devant leur domicile ou arrachés à leurs mères ? Des villes et villages entiers ont été plongés des années durant dans la hantise que procurerait cette nouvelle criminalité infantile. Des mères et des pères priaient pour ne pas perdre leur progéniture exposée à ce danger réel. Mais pourquoi l?enfant, cet être si sensible, si faible ? C?est justement sa totale vulnérabilité et son innocence qui en font une victim idéale.