«La persistance de foyers de tension affecte notre sécurité» Les pays africains aspirent à se prendre en charge en décidant de leur sort, c'est-à-dire que «la résolution des problèmes africains passe par des solutions africaines». Le terrorisme et la lutte implacable à mener contre ce phénomène ont constitué l'essentiel de l'intervention du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l'ouverture hier des travaux de la 3e édition du Congrès international sur la paix et la sécurité en Afrique se tenant à Oran. Lamamra, revenant sur ce qu'il a qualifié de «contexte international marqué par une montée sans précédent des menaces de toutes sortes», a souligné que «les récents attentats perpétrés à Beyrouth, Paris, Tunis ou Bamako ont montré, une fois de plus, que l'hydre terroriste continue de représenter une menace permanente pour nos sociétés et nos valeurs et de mettre en danger nos Etats et notre sécurité». Pour Lamamra «le défi que représentent aujourd'hui les groupes de Daesh, Al Qaîda, Boko Haram et autre Shebab est inédit de par l'importance des régions affectées, des moyens mis en oeuvre par des troupes engagées et des imprévisibles méthodes auxquelles ces groupes criminels ont recours». Sur le plan régional, Lamamra n'a pas omis de souligner en affirmant que «la persistance de foyers de tension ou d'instabilité dans notre continent, particulièrement en Libye et dans le Sahel, affecte notre sécurité et crée les conditions propices pour l'incursion des groupes terroristes». Le ministre des Affaires étrangères a appelé à une plus grande implication de l'Afrique dans la gestion de l'agenda de paix et de sécurité au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. «Nous oeuvrerons pour la mobilisation de toutes nos capacités continentales au sein du Conseil de sécurité en vue de permettre une plus grande implication de l'Afrique dans la gestion de l'agenda de paix et de sécurité continental et international», a-t-il souligné tout en appelant «à une coordination de toutes les instances, entre les membres du Groupe africain du Conseil de sécurité, le Groupe A3, au service des intérêts stratégiques de l'Afrique. «Tout comme en 1974, le Groupe des 77 a vu le jour en Algérie, le Groupe des A3, créé lors de la précédente édition du Séminaire d'Oran, constitue une nouvelle initiative qui vise à mobiliser les représentants de l'Afrique au sein du Conseil du sécurité onusien», a expliqué Lamamra. Sur sa lancée, il n'a pas omis au passage d'aborder la question de décolonisation du Sahara occidental tout en accablant le Royaume marocain. Il dira que «l'envoyé spécial du SG de l'ONU, l'ambassadeur Christopher Ross, que la représentante spéciale, chef de la Mission des Nations unies chargée du référendum au Sahara occidental, la Minurso, Kim Bolduk, trouvent des difficultés pour accomplir leur mission». L'explication a été faite lorsque Lamamra a fait table rase en enfonçant davantage le Maroc indiquant qu'«il (Maroc, Ndlr) a multiplié tout au long de ces 40 années d'occupation, les manoeuvres dilatoires». Dans ce registre bien précis, le ministre des Affaires étrangères a, une fois de plus, interpellé les nations, en particulier le Conseil de sécurité à faire preuve de plus de responsabilité en les appelant à «assumer leurs responsabilités pour hâter l'avènement d'une solution conforme à la légalité internationale». «L'Algérie, a-t-il réitéré, ne ménagera aucun effort pour appuyer les efforts du SG de l'ONU et de son envoyé spécial pour l'avènement d'un règlement définitif de ce conflit à travers la tenue du référendum d'autodétermination». Ayant achevé son plaidoyer sur les questions d'urgence et la nécessité de les prendre en charge en urgence, Lamamra revient sur le déroulement de la rencontre d'Oran en la jalonnant tel que prévu dans son ordre du jour devant marquer ses travaux en évoquant «la maîtrise des questions de fond» et le renforcement «de la cohésion de l'action des pays africains non permanents au Conseil de sécurité, à travers une meilleure compréhension et assimilation des modalités de fonctionnement des mécanismes aussi bien onusien qu'africain». Il dira en ce sens que «la rencontre sera sanctionnée par des recommandations favorisant une meilleure coordination entre l'Union africaine et les Nations unies aux fins du renforcement des capacités institutionnelles de l'Afrique». La troisième édition du Congrès international de haut niveau sur la paix et la sécurité se tenant à Oran est marquée par la participation des ministres des Affaires étrangères africains, à savoir ceux de l'Angola, de l'Egypte, du Nigéria, du Rwanda, du Tchad, du Sénégal et du Burundi ainsi que d'experts et de représentants d'Organisations africaines et onusiennes. Elle abordera les questions liées à la sécurité et la paix dans le continent. Comme elle permettra l'évaluation des actions menées dans ce cadre. Ce traditionnel rendez-vous continental annuel constitue pour les pays africains un espace interactif devant aborder les questions stratégiques et de défense, le développement, les échanges et les contacts directs entre les acteurs concernés ainsi que l'approfondissement du dialogue stratégique entre les Africains et leurs partenaires internationaux. Il porte dans ses dimensions l'ambitieuse volonté et détermination des pays africains quant à se mobiliser en vue d'asseoir la paix et la sécurité dans leur continent. Dans cette rencontre, les pays africains aspirent à se prendre en charge en décidant de leur sort, c'est-à-dire que «la résolution des problèmes africains passe par des solutions africaines». Des représentants des structures onusiennes auprès de l'Union africaine, l'UA, parmi lesquelles le commissariat de l'UA à la Paix et à la Sécurité, l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar), entre autres agences onusiennes, prennent part à ce congrès.