Le fonctionnement de cette Sarl spécialisée dans l'achat et la vente s'«apparente à une technique de vente dite pyramidale empruntée à Prozy, un trader qui a ruiné l'Amérique les années 1960. L'affaire Waâd Essadek a connu hier son épilogue avec la condamnation du principal accusé Moulaï Salah à 10 ans d'emprisonnement ferme assortie de 50 millions de centimes d'amende. Les faits remontent à quelques années déjà quand Moulaï Salah lança une société dénommée El Waâd Essadek, «la promesse sincère». Le fonctionnement de cette Sarl spécialisée dans l'achat et la vente s'«apparente à une technique de vente dite pyramidale empruntée à Prozy, un trader qui a ruiné l'Amérique les années 1960. Très vite les clients accourront des quatre coins du pays qui pour vendre au prix fort, qui pour acheter au moindre prix des voitures. Devant l'engouement et la forte demande, le gérant de la Sarl et ses associés élargiront l'activité au foncier et à l'immobilier. Les transactions en milliards de centimes deviendront monnaie courante à Sour El Ghozlane où était domiciliée l'entreprise. L'intense activité sera fatale aux divers marchés de voitures sur le territoire national. Au bout d'un moment, on parlera de plus de 2000 milliards de dettes et de créances impayées auprès de clients piégés parce que trop naïfs ou simplement animés par la facilité du gain. Certains cèderont des villas, des véhicules lourds, du bétail... contre un simple bon pour où est mentionné le coût de la transaction qui parfois avoisine les 30 milliards comme c'est le cas de cette villa acquise au chef-lieu de wilaya par la société de Moulaï. Les délais de régularisation qui au tout début étaient de 45 jours, passeront à 60 jours puis à des périodes beaucoup plus étalées dans le temps. Les victimes, plus d'un millier, se sont vite retrouvées devant un dilemme: recourir à la justice veut dire perte d'espoir d'acquérir le dû ou laisser la chose s'éterniser avec cet infime espoir d'être régularisé. C'est une transaction passée avec un puissant concessionnaire qui sera à l'origine de la descente aux abîmes pour une société frauduleuse. Le concessionnaire en question recourra à la justice qui prononce un ordre d'amener. Deux années plus tard, le principal accusé est arrêté à Alger puis transféré à Bouira où il a été jugé. Lors du procès, Moulaï Salah niera le terme d'escroc au profit de celui de gestionnaire d'une société victime de sa bonté. Le procureur, qui a retenu dans son réquisitoire l'association de malfaiteurs, escroquerie généralisée et atteinte à l'économie nationale, demandera 10 années d'emprisonnement assorti d'une forte amende. Le juge suivra le représentant du parquet. Les victimes, elles, comme celle de l'affaire Khalifa auront leurs yeux pour pleurer. La majorité de ceux rencontrés hier se disait frustrée par le jugement car ils veulent aussi récupérer leurs biens. Pour les partisans de la victime, l'erreur incombe au vide juridique qui prévalait au moment du lancement des activités de cette Sarl. Pour rappel, la direction du commerce de la wilaya de Bouira n'a pas daigné bouger jusqu'au moment où les médias ont commencé à révéler à l'opinion publique l'illégalité qui entourait la société.