Un dispositif important des forces antiémeute a été déployé depuis jeudi dernier, autour du tribunal de la ville de Sour El Ghozlane, au sud de Bouira. Craignant que la situation ne dégénère après l'information faisant état de l'arrestation de Salah Moulay, patron de la Sarl El Waâd El Sadek (promesse tenue), les services de sécurité ont déployé une armada de policiers et d'engins antiémeute autour de la ville, a-t-on constaté. La police a interdit tout mouvement de foule devant le tribunal en question. Plusieurs citoyens, pour la plupart victimes d'escroquerie de la Sarl El Waâd El Sadek, ont été empêchés de se rassembler devant le tribunal. En début de soirée de mardi dernier, le gérant de la Sarl El Waâd El Sadek a été arrêté par les éléments des services de sécurité à Alger, après plus d'une année de cavale. Moulay Salah a été appréhendé près de la commune d'El Marsa, à l'est de la capitale. L'homme a fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt et trois condamnations prononcées par les tribunaux de Sour El Ghozlane et d'Oran, a-t-on appris de sources judiciaires. Créée en octobre 2013, cette société avait défrayé la chronique, avec plusieurs milliards de dinars de créances impayées. L'entreprise qu'avait bâtie Salah Moulay, dans la commune de Sour El Ghozlane, «une entreprise spécialisée dans la vente et l'achat automobile et foncier», a causé des préjudices financiers énormes à plus de 1000 clients, issus de plusieurs wilayas du pays. Le nombre de plaintes déposées au niveau du tribunal de Sour El Ghozlane a dépassé les 600, a souligné une source judiciaire. La justice avait statué sur deux affaires en condamnant, par contumace, le gérant de la Sarl en question, à une peine d'emprisonnement de 20 ans assortie d'une amende de 20 milliards de centimes, après une plainte déposée par Cima Motors, concessionnaire multimarques, de l'homme d'affaires Tahkout Mahieddine. Selon des sources, la Sarl El Waâd El Sadek avait acquis plusieurs marques de véhicules auprès de Cima Motors. L'affaire remonte à l'année écoulée, quand le patron de la Sarl El Waâd El Sadek aurait été malmené par Mahieddine Tahkout, en personne. Ce dernier, qui aurait séquestré dans son bureau Salah Moulay, avait envoyé son fils dans le but de récupérer ses véhicules mis en vente au marché de la Sarl El Waâd El Sadek à Sour El Ghozlane. Informés de la «prise d'otage» de leur patron, des travailleurs renforcés par des citoyens de la ville de Sour El Ghozlane, ont de la même façon séquestré le fils de Tahkout, en contrepartie de la libération de Moulay Salah. Il a fallu plusieurs heures de négociations pour que les deux parties parviennent à un compromis. Il faut souligner, par ailleurs, que Salah Moulay a été également condamné par le même tribunal à une peine de 10 ans, après un dépôt de plainte de plusieurs victimes. Des actions de protestation avaient été initiées par des citoyens victimes de «cette escroquerie», devant les sièges de tribunal et de la cour de justice de Bouira. Selon des sources, plus de 700 victimes se sont constituées en associations dans le but de récupérer leurs dûs, chiffré à plusieurs milliards de dinars.
S'enrichir suivant le modèle Ponzi L'empire qu'avait tenté de bâtir Salah Moulay, en 2013, est basé sur le modèle d'escroquerie appelé le système de Charles Ponzi. L'ascension de cette société en avait intrigué plus d'un. Mathématicien de formation, Salah Moulay avait trouvé la bonne et simple formule de bâtir son empire en suivant l'une des méthodes d'escroquerie de Charles Ponzi. Il s'agit tout bonnement d'un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les «investissements» des clients, essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Toutes les transactions enregistrées au niveau de cette Sarl ont été faites suivant cette formule. Or, ce système financier devient inutile lorsque les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients. Ce qui est arrivé à la Sarl El Waâd El Sadek, qui n'a même pas tenu six mois d'existence depuis sa création fin 2013. Rappelons que trois ex-ministres, à savoir Amar Tou, Mohamed Seghir Kara et Rachid Harraoubia, avaient rendu visite à Moulay Salah à l'occasion de la campagne présidentielle d'avril 2014.