Le marché automobile installé par l'entreprise El Waâd El Sadek, «Promesse tenue», aux transactions douteuses dans la ville de Sour El Ghozlane, a fermé définitivement ses portes. Ce point de vente et d'achat de toutes les marques automobiles, y compris de renommée mondiale, avait fait de cette ville la Mecque des citoyens venus de tout le pays en quête de bonnes affaires. En un temps record, l'entreprise en question s'est retrouvée en difficulté financière et peine à honorer ses engagements vis-à-vis des milliers de clients complètement ruinés. Aucune trace de son propriétaire, Moulay Salah, 47 ans. Comment cette personne «intouchable», ayant reçu au siège de son entreprise à la veille de l'élection présidentielle trois ex-ministres proches du clan présidentiel, Amar Tou, Mohamed Segheir Kara et Harraoubia, a réussi à bâtir ce commerce florissant ? D'où vient tout cet argent et qui sont ses associés ? A Sour El Ghozlane, chaque jour que Dieu fait, des centaines de personnes, entre clients et fournisseurs, observent un rassemblement devant le siège de cette entreprise dont les locaux sont fermés pour réclamer leur argent. L'activité commerciale de cette entreprise n'a pas tenu longtemps puisque cette dernière se débat depuis plus de quatre mois dans des difficultés financières énormes. On avance un chiffre dépassant les 3000 milliards de centimes de dettes impayées. Une situation qui a vite provoqué l'ire des clients et autres fournisseurs. Récemment, des citoyens qui se disent escroqués ont brûlé des véhicules neufs sur place. Le personnel, ainsi que les agents de sécurité appartenant à une société de gardiennage ont tous quitté leur poste. Ils n'ont pas perçu leur salaire depuis plusieurs mois. Arnaque A Sour El Ghozlane comme ailleurs, partout dans les localités et villages de la wilaya, y compris dans d'autres régions du pays, le nom de Moulay Salah est sur toutes les lèvres. Son ascension éblouissante intrigue. Mathématicien de formation, Salah Moulay a trouvé la bonne formule afin de bâtir son empire : le système de Charles Ponzi. Celui-ci est un montage financier frauduleux qui consiste tout simplement à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. C'est le cas d'El Waâd El Sadek dans les transactions (achat et vente automobile). Cependant, ce système devient inutile quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients. Notons que cette procédure est l'œuvre de Charles Ponzi, devenu célèbre après avoir mis en place une opération basée sur ce principe à Boston, aux Etats-Unis, dans les années 1920. Cette technique d'escroquerie propre à Charles Ponzi, un Italo-américain punie depuis des années comme délit, appelée «chaîne de Ponzi» (ou pyramide de Ponzi) repose sur un système relativement simple : pour que les recettes continuent à couvrir les engagements, il faut une croissance des souscriptions. La même procédure est utilisée par Moulay Salah. Doutes L'attente émise dans le règlement des dus des centaines voire des milliers de clients par cette entreprise a suscité l'inquiétude de certains qui ont vite réagi. D'autres clients ont déjà entamé des procédures judiciaires dans l'espoir de récupérer leur argent pour certains et leurs biens immobiliers pour d'autres. A Bouira, le propriétaire d'une grande villa a entamé une procédure judiciaire afin de récupérer sa maison. Selon des sources, l'entreprise El Waâd El Sadek a vendu la villa de ce client sans son aval. Une chose est sûre : l'entreprise en question est en faillite. «L'entreprise en question n'a pas respecté le règlement régissant l'activité commerciale. Elle a été mise en demeure à deux reprises afin que les gérants de cette SARL puissent régler leurs situations, entre autres les facturations de leurs produits achetés et vendus, mais rien n'a été fait, ce qui nous a contraint d'entamer des procédures judiciaires», nous a déclaré Ahmed Gomri, le directeur du commerce à la wilaya de Bouira.