La salle de prière vandalisée vendredi soir à Ajaccio (Corse) par des nervis racistes Le calme est revenu hier matin à Ajaccio, sur l'île française de Corse, où de nombreux policiers ont été déployés après le saccage la veille d'une salle de prière musulmane, qui a suscité une vague de condamnations. Salle de prière musulmane saccagée, exemplaires du Coran brûlés, slogans anti-arabes dans l'île méditerranéenne de Corse: le gouvernement français a dénoncé vendredi soir une «profanation inacceptable» aux «relents de racisme et de xénophobie». En fin de journée, 600 personnes ont envahi un quartier populaire d'Ajaccio, théâtre de violente échauffourées la nuit précédente au cours desquelles deux pompiers et un policier avaient été blessés, selon les autorités. Parmi ces manifestants, un petit groupe s'est détaché pour saccager une salle de prière musulmane. Ils ont tenté de mettre le feu - n'y parvenant que partiellement - à de nombreux livres, dont des exemplaires du Coran, a-t-on appris auprès de la police et de la préfecture. «Après l'agression intolérable de pompiers, profanation inacceptable d'un lieu de prière musulman. Respect de la loi républicaine», a réagi le Premier ministre français Manuel Valls, sur Twitter. «Ces exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, ne sauraient rester impunies tant elles portent atteinte aux valeurs mêmes de la République», a de son côté déclaré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. L'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a «condamné avec force» une agression «qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens», puisque cette année Noël tombait juste après le Mouloud. «Nous sommes absolument consternés et attristés», a de son côté réagi Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, sur la chaîne d'info française BFMTV, en lançant un appel au «calme, au sang-froid et à l'apaisement». Dans l'après-midi, quelque 150 personnes s'étaient d'abord rassemblées dans le calme à Ajaccio, en signe de soutien aux deux pompiers et au policier blessés la veille au soir, dans ce que les autorités ont qualifié de «guet-apens» commis par «de nombreux jeunes encagoulés». Vers 0h30, un incendie avait été «volontairement allumé pour attirer les forces de l'ordre et les pompiers dans un guet-apens en leur jetant des projectiles et en s'en prenant directement» à eux, a expliqué le sous-préfet François Lalanne. Deux pompiers ont été «sérieusement» blessés par des éclats de verre après des «agressions physiques» au cours desquelles des vitres de leur véhicule d'intervention ont été brisées. L'intervention des forces de l'ordre, au cours de laquelle un policier a à son tour été «légèrement» blessé, a duré jusqu'à près de 3 heures du matin. Le lendemain, vendredi, environ 150 manifestants se sont réunis devant la préfecture pour dénoncer ces violences. Certains décident alors de monter jusqu'aux Jardins de l'Empereur, où se sont déroulés les heurts, sur les hauteurs de la ville. Au final, environ 600 personnes se sont rassemblées dans ce quartier, a précisé le sous-préfet. Scandant pour certains «Arabi fora (les Arabes dehors, ndlr)!» ou «On est chez nous!», dans une ambiance particulièrement tendue et malgré la présence de policiers tentant de maintenir de calme, ils ont affirmé vouloir identifier et retrouver les auteurs de l'agression de la veille. Le quartier s'est vidé, ses habitants restant cloîtrés chez eux. C'est là qu'un groupe s'est échappé pour saccager la salle de prière musulmane. Le préfet de Corse, Christophe Mirmand, a déclaré que «tous les moyens» étaient mis en oeuvre pour retrouver les auteurs des violences de jeudi soir contre les pompiers. Il a ajouté que les «menaces de ce soir (vendredi soir, Ndlr) n'étaient pas acceptables». Les dirigeants nationalistes, qui viennent de prendre les rênes de la région, ont eux aussi dénoncé ces violences.