Le déballage commence Peu avant 15h, un incident Regad-défense d'El Ismaïl Réda Djaâfar va sur une suspension d'audience. Au 3e jour du procès «Sonatrach 1», Saâd Delhoum, le greffier entame la dernière partie de l'arrêt de renvoi à 9h40, une lecture qui a débuté dimanche à 10h10. Juste après, Mohamed Regad, le président passe à l'organisation des débats en «séparant» les accusés et inculpés, selon l'importance des marchés conclus. Le client de Maître Khaled Dhina est le premier à être entendu: El Ismaïl Réda Djaâfar est poursuivi sur la base de plus de chefs d'accusation, tout comme la majorité du reste des accusés détenus depuis 2010. Dans l'ensemble, les avocats de la défense, avec à leur tête, le bâtonnier Abdelkader Brahimi, venu de Khemis-Miliana jouent leur meilleur coup, ils sont décidés à ne pas laisser certaines inepties de l'arrêt de renvoi, «car les faits remontent à une période que l'on voudrait ne plus voir revenir!» estime un avocat d'Alger qui a tenu à garder l'anonymat. A 14h40, le greffier achève, debout, la lecture de l'arrêt de renvoi. Sur ce, Regad annonce la couleur en levant l'audience pour 14 h qui verra El Ismaïl Réda comparaître le premier selon le canevas de travail arrêté par le tribunal criminel d'Alger et qui verra le passage à la barre des 19 accusés, inculpés et les entreprises étrangères dans les meilleures conditions. Toute l'assistance qui a suivi la lecture les dimanche, lundi et mardi de l'arrêt de renvoi était persuadée que le préjudice n'est pas celui déployé par le «tambourin» en 2009-2010. C'est pourquoi les auditions sont attendues sur des braises par les concernés et leurs proches. Flanqué de Maître Khaled Dhina, El Ismaïl Réda Djaâfar s'aperçoit que le représentant de la société allemande est debout. Tomas a, à sa droite, l'interprète prête à traduire simultanément ce qui va suivre. Le président signifie les chefs d'accusation retenus contre El Ismaïl qui reconnaît de suite les griefs retenus contre le «groupe» qu'il dirige. Il a la voix saccadée. Regad l'interrompt et lui demande son CV et comment il s'est introduit à Sonatrach. «La communication c'est mon domaine» «J'ai commencé dans une société familiale pour l'informatique. J'ai réalisé de nombreux projets en Algérie sans aucun problème, car la communication c'est mon domaine», dit, la voix étranglée, El Ismaïl qui poursuit qu'il dirigeait aussi une entreprise d'export en articles d'informatique, en 2001. En 2003, le juge lui demande d'utiliser l'arabe, le dialectal, s'il le faut. Il s'exécute et parle avec beaucoup de crainte dans l'usage des mots étrangers. Il évoque la société Kantel et les partenaires français heureux de son succès. Il cite l'expérience acquise durant des années et la collaboration avec les forces aériennes satisfaisantes par son travail. Regad veut savoir si les frères Meziane étaient avec eux? «Non, pas encore à cette époque jusqu'en 2004 où il m'a été proposé une entreprise de transports», répond-il très stressé par l'ambiance vécue à la barre par au moins 20 avocats debout, dont Maître Benamar Aid, Miloud Brahimi, Mostefa Bouchachi qui ont des clients au sort lié à celui du premier accusé de cinq chefs dont la corruption, le blanchiment d'argent, l'abus de fonction, etc... Outre ceux de la partie civile très remuants. On aborde le projet de Aïn Naâdja comme avec les étrangers (2001). «Sur ce plan, vous aviez eu connaissance des lois du pays pour ce qui est de la passation des marchés et la réglementation en vigueur?» dit le juge qui obtient: «Non, sur le seul plan technique», marmonne El Ismaïl. On entre dans les projets Sonatrach; El Ismaïl donne la première somme empochée: deux milliards de centimes. Puis il cite une demi-douzaine de réalisations en étroite collaboration avec des entreprises étrangères. Il rappelle son expérience sur le plan du marketing, de la commercialisation. «Nous nous étions habitués à réussir toutes nos études à la perfection. Cela explique notre succès et je dirais même nos succès. En 2005, avec Sonatrach, à Hassi Messaoud... -Non, coupe Regad. Ne parlons pas du Sud, restons à Alger.» Les marchés «pleuvaient» El Ismaïl Mohamed Réda n'est point désarçonné. Au contraire, il prend plus d'assurance et son verbe se fait plus expressif. Les cordes vocales demeurent parasitées tout de même. Le juge pousse El Ismaïl dans le camp de la société allemande: «Parlons un peu de cette entreprise.» L'accusé va alors entrer dans les terrains des sociétés spécialisées dans les domaines qu'il maîtrise avec panache. Le bâtonnier Abdelmadjid Silini entre sur la plante des pieds pour ne pas...Il veut prendre la température des débats et s'enquérir de l'état d'esprit de ses pairs. Regad demande entre-temps quels sont les liens qui unissent les entreprises El Ismaïl et celles étrangères? En 2005, j'ai regroupé les entreprises de transport de bâtiments, d'électronique et autres secteurs. «Le groupe que je dirigeais a pris de l'ampleur et les marchés pleuvaient vu la qualité de mes travaux. J'ai diversifié les activités de mon groupe. J'ai beaucoup gagné avant que je ne connaisse les frères Meziane, marmonne l'accusé, qui insiste sur les bénéfices qui sont passés par le commissaire aux comptes.» «L'assemblée générale se réunit régulièrement?», demande Regad qui obtient de claires réponses pour tous les détails de l'A.G. Regad insiste: «Il y a eu des P.V.?» El Ismaïl répond par l'affirmative. La Sarl Kantel est aussi passée au crible, ce dont profite le juge pour être éclairé autour du terme «bénéfices» et l'autre, «répartition desdits bénéfices». «Après les publications des comptes auprès du Cnrc, nous avions à tous les coups réalisé de grands bénéfices», ajoute l'accusé qui tient à préciser aussi que les employés n'ont pas droit aux bénéfs, mais aux salaires. Les deux frères Méziane sont évoqués par le juge. El Ismaïl dit que Réda était son ami et Faouzi le cadet, non. «En voulant monter une société indépendante avec Meziane, en 2004, Réda m'avait proposé l'affaire à saisir au vol. Faouzi m'a été ensuite présenté par le frangin Réda qui a «béni» cette association. Dans l'entreprise que je dirigeais avec mes deux frères, Réda et Faouzi voulaient nous rejoindre le 5 janvier 2005. Le document était prêt et l'AG informée de l'élargissement de l'entreprise.» «Est-ce que vous saviez que les deux frères étaient les enfants du P-DG de Sonatrach et donc, rêviez-vous de sortir des minables marchés de... 2 milliards de centimes?». - L'accusé répond: «Oui, mais je n'avais aucune arrière-pensée et à ce moment, je n'avais aucun projet avec Sonatrach... -O.-K., mais vous aviez planifié votre entrée dans la cour des grands», dit Regad, Bouchachi se fâche...