Qu'est-ce que donc, cette Algérie à deux vitesses? Celle où les enfants des uns peuvent disposer de la progéniture des autres. A chaque saison estivale, les jeunes Algériens espèrent recouvrer leur souveraineté sur les «îles» Moretti et Club des Pins. Une partie du territoire national, interdite d'accès aux petites gens. Fermées depuis plus d'une décennie pour abriter les cadres de la nation, au moment où d'autres Algériens se faisaient massacrer dans la Mitidja, l'Ouarsenis, le Dahra... ces «zones d'Etat» sont pratiquement interdites de facto au «simple» citoyen. Pour y accéder, il suffit de présenter un laissez-passer, un badge qui ouvre les portes de la Providence à tout visiteur ou autre curieux de découvrir un site touristique hors du commun. Un endroit dont la renommée et les clichés, sciemment entretenus, n'ont rien à voir avec la réalité. D'ailleurs, les plages «dorées», les restaurants de luxe...et les grandes discothèques n'existent que dans les esprits des rêveurs. De ceux qui veulent voire Moretti et mourir. Qu'est-ce que donc, cette Algérie à deux vitesses? Celle où les enfants des uns peuvent disposer de la progéniture des autres, au point d'attenter à leur intégrité physique? Au nom de qui et de quoi se permet-on de rouler en trombe, à l'approche d'un barrage des services de sécurité, à bord d'une cylindrée de luxe? Les «intouchables» par le biais desquels ces «fils à papa» font valoir leur insolence et leur mépris des lois de la République, celle de tout le peuple algérien, ne sont-ils pas les premiers censés veiller à ce que leurs rejetons respectent leurs concitoyens et les lois de leur pays? Par ailleurs, au moment où la situation sécuritaire s'est nettement améliorée et que par voie de conséquence, l'objet de leur présence dans ces zones sécurisées est désormais devenu caduque, les résidents «occasionnels» de Moretti et de Club des pins ne doivent-ils pas plier bagage? D'autant plus que la plupart d'entre eux possèdent la possibilité de s'installer par leurs propres moyens. Il n'est pas question bien entendu de déloger les honnêtes citoyens qui résident à l'intérieur des résidences d'Etat bien avant les évènements sanglants qu'a connus le pays au cours de la dernière décennie. Enfin, comment peut-on convaincre les investisseurs étrangers que la situation sécuritaire s'est améliorée, alors que les hauts cadres de la nation continuent de se retrancher dans des sites censés être un créneau porteur pour l'investissement? Il est temps de restituer au peuple une partie intégrante de son territoire. C'est là, le seul argument valable pour parler de véritable Etat de droit. A l'été prochain donc...sur les plages de Club des Pins.