Les cours de l'or noir entament la nouvelle année sur un rebond, aidés par de vives tensions entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran. C'était prévisible. Le marché pétrolier n'est pas resté insensible à la détérioration des relations irano-saoudiennes provoquée par l'exécution d'un dignitaire chiite opposant farouche au pouvoir saoudien. Riyadh et Téhéran chauffent le baril. Les cours de l'or noir que l'on donnait pour moribonds entament donc la nouvelle année sur un rebond aidés par ces vives tensions entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran. Hier, vers 12h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février se négociait à 37,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant un bond de 67 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 38 cents pour s'afficher à 37,42 dollars. «Le prix du pétrole a grimpé en raison de craintes d'interruptions d'approvisionnement alors que les tensions géopolitiques s'accroissent au Moyen-Orient», expliquait Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets. L'hypothèse d'un vigoureux redressement des prix du pétrole est prise très au sérieux. «L'histoire autour de l'intensification des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran continue à se développer et il existe un potentiel pour une volatilité accrue sur les marchés pétroliers», souligne Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.Il faut en effet souligner que cette prise de becs qui risque de déboucher sur un affrontement armé se joue entre deux acteurs de premier plan sur le plan militaire et économique dans une région qui assure près de 30% de l'offre mondiale. «Tout le monde sait bien que l'Arabie saoudite est un important producteur de pétrole tandis que l'Iran devrait aussi commencer à lancer sa propre production en 2016, ce qui signifie que les investisseurs ont trouvé une raison de pousser les prix du pétrole à la hausse», poursuivait M. Otunuga. «Tout différend militaire direct entre les deux puissances hégémoniques du Moyen-Orient aurait de graves conséquences pour l'offre mondiale d'or noir, alors que près de 30% de celle-ci est produite dans la région du golfe Persique», faisaient remarquer de leur côté les analystes de Commerzbank. Les observateurs sont unanimes, une aggravation de la crise entre le premier producteur mondial d'or noir et son ennemi juré, la République islamique d'Iran, puissance régionale attestée, ne peut que booster les cours de l'or noir. Une crise qui étrangement veut s'articuler autour de la dégringolade des prix du pétrole que Téhéran fait endosser à l'Arabie saoudite. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a fustigé, hier, l'Arabie saoudite pour (...) avoir comploté en vue de faire baisser les prix du pétrole. L'Iran accuse le Royaume saoudien, premier exportateur mondial de brut, d'avoir joué un rôle primordial dans la baisse des prix du pétrole. Si l'on doit ajouter à cette conjoncture géopolitique explosive les attaques menées hier par Daesh contre d'importantes installations pétrolières en Libye, dans les villes d'al-Sedra et de Ras Lanouf (nord du pays), situées dans la zone du Croissant pétrolier, il est pratiquement acquis que le baril va être fortement chahuté. Sous la pression de cette double offensive, qui représente une prime de risque, les prix du pétrole sont sans aucun doute en train de chauffer.