Les soldats afghans évacuent leurs collègues blessés lors de l'attaque, hier, du consulat de l'Inde à Mazar-i-Sharif En Inde, au même moment, l'armée bataillait pour déloger des assaillants, soupçonnés d'être pakistanais, d'une base militaire du nord du pays. Les forces afghanes tentaient de neutraliser hier des insurgés retranchés dans un bâtiment proche du consulat indien de Mazar-i-Sharif (nord), plus de douze heures après que ces derniers ont tenté de prendre le bâtiment d'assaut, en vain. Ces attaques interviennent une dizaine de jours après une visite en Afghanistan puis au Pakistan du Premier ministre indien Narendra Modi, et pourraient viser à mettre à mal les efforts de rapprochement de New Delhi avec Islamabad. La situation sécuritaire en Afghanistan, déjà gravement mise à mal par une série d'attentats des rebelles taliban, était encore un peu plus fragilisée par un attentat suicide à la voiture piégée survenu hier matin près de l'aéroport de Kaboul. «Seul le kamikaze a été tué», selon Sediq Sediqqi, porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Les taliban n'ont pas revendiqué cet attentat, ni la tentative par six assaillants de prendre d'assaut le consulat indien dimanche soir, mais ils ont fréquemment visé en Afghanistan les intérêts de New Delhi, qui soutient fermement le régime de Kaboul. Hier, police et armée afghanes échangeaient des coups de feu avec des hommes armés retranchés dans une maison adjacente au consulat. «L'opération de nettoyage a débuté, le gouverneur (de la province de Balkh, ndlr) Atta Mohammed Noor est sur place pour la superviser», a indiqué Mounir Farhad, porte-parole de M.Noor. Le consulat «est dans une zone résidentielle. Nous sommes donc très prudents, nous voulons éviter que des civils soient blessés», a-t-il encore expliqué. Mazar-i-Sharif n'a pratiquement pas été touchée par l'extension de l'insurrection des taliban à l'ensemble de l'Afghanistan ces derniers mois. Les experts ont souvent souligné le risque d'une guerre par procuration en Afghanistan entre l'Inde et le Pakistan, parrain historique des taliban. Les deux rivaux nucléaires ont annoncé la reprise de pourparlers, et leurs Premier ministres se sont rencontrés informellement le jour de Noël, le premier déplacement en plus de 10 ans d'un chef de gouvernement indien au Pakistan. Mais ces efforts de rapprochement sont en péril après l'attaque spectaculaire d'une base aérienne dans le nord de l'Inde, lancée samedi, dont les auteurs sont soupçonnés d'appartenir au groupe islamiste Jaish-e-Mohammed basé au Pakistan. Les soldats indiens, épaulés par des hélicoptères, inspectaient hier la base de Pathankot située dans l'Etat du Penjab, afin de la «nettoyer» de tout insurgé, selon un porte-parole. «Il y a des tirs sporadiques. Nous progressons pas à pas», a expliqué dans la matinée un responsable militaire. Au total, sept militaires et quatre assaillants sont morts dans cette attaque, rare, lancée samedi vers 03h30 (22H00 GMT vendredi). «Un cinquième terroriste» a été tué, a annoncé hier un autre haut responsable des services de sécurité, sans préciser la date de sa mort. «Le ratissage et les opérations de recherches se poursuivent», a-t-il dit. La base se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Pakistan et tout près de la région du Cachemire, que les deux pays se disputent depuis des décennies. L'armée indienne avait dans un premier temps annoncé samedi avoir repris le contrôle de sa base, mais dimanche les militaires ont essuyé des tirs pendant des opérations de déminage. Les Etats-Unis ont dénoncé une attaque «abominable», appelant les «pays de la région à travailler ensemble (...) pour démanteler les réseaux terroristes».