Hier, Kaboul a pointé le doigt vers Islamabad, sans toutefois nommer son voisin. Les talibans ont répété hier qu'ils n'avaient rien à voir avec l'attaque qui a visé la veille l'ambassade d'Inde à Kaboul et fait 41 morts et l'Afghanistan a une nouvelle fois accusé à mots couverts les services secrets de son voisin, le Pakistan, d'être impliqués. Avec 41 morts, dont deux diplomates et deux gardes indiens, et plus de 150 blessés, l'attaque à la voiture piégée contre la représentation indienne est l'attentat suicide le plus meurtrier jamais perpétré dans la capitale afghane. Toutefois, les insurgés islamistes ont déjà nié, par le passé, être les auteurs d'attentats qui visaient des intérêts étrangers ou le gouvernement afghan mais qui faisaient, parce qu'ils avaient manqué leur objectif comme lundi, beaucoup de victimes civiles. «Nous aurions aimé être les auteurs de cette attaque, parce que l'Inde a toujours été l'ennemi» des talibans, a déclaré l'un de leurs porte-parole, Zabihullah Mujahed. «Si nous l'avions fait, nous l'aurions revendiqué avec fierté car nous avions de bonnes raisons pour le faire», a-t-il affirmé. L'Inde a soutenu l'Alliance du Nord, un groupe de combattants opposés aux talibans, jusqu'à ce que ces derniers soient chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, et New Delhi est aujourd'hui l'un des plus fidèles alliés du président Hamid Karzaï, ennemi juré des talibans. «Les Indiens fournissent secrètement des experts militaires à l'Afghanistan et entraîne l'armée», a assuré Zabihullah Mujahed. De même, le Pakistan, le rival de toujours de l'Inde dans la région, soutenait, lui, le régime des talibans de 1996 à 2001, et est accusé régulièrement par Kaboul de continuer de leur fournir une aide logistique et de fermer les yeux sur leurs bases arrières dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. Islamabad, allié-clé de Washington dans sa «guerre contre le terrorisme» au même titre que Kaboul, dément systématiquement. Hier, comme presque chaque fois qu'un attentat important est commis en Afghanistan, Kaboul a pointé le doigt vers Islamabad, sans toutefois jamais nommer son voisin. «Les terroristes, il n'y a aucun doute à cela, n'auraient pas pu perpétrer une telle atrocité sans la collaboration complète de services de renseignement étrangers», lisait-on hier dans un résumé rendu public d'un rapport des services de sécurité afghans remis la veille au gouvernement. Et, sans jamais citer le Pakistan nommément, le texte enchaîne: «Il y a des preuves que les terroristes ont été entraînés, équipés et financés dans des bases professionnelles de l'autre côté de la frontière». Lundi, le ministère afghan de l'Intérieur avait estimé, dans un communiqué, que l'attentat avait été perpétré «en coordination et avec les conseils de cercles du renseignement régionaux». Face à ces accusations récurrentes, Islamabad, qui a condamné fermement l'attentat de lundi, rétorque toujours que c'est l'incapacité de Kaboul et des forces internationales présentes en Afghanistan à vaincre l'insurrection des talibans qui a poussé ces rebelles à installer des bases arrières dans des zones inexpugnables en territoire pakistanais.