Intitulé «Entrée libre (Dakhla batel)», sa nouvelle exposition présente 25 peintures déclinées sous différents formats, toutes aussi drôles que touchantes... La galerie Ezzou'art du centre commercial de Bab Ezzouar abrite actuellement et jusqu'au 28 janvier une nouvelle exposition signée Jaoudet Gassouma qui a eu l'insigne honneur d'étrenner la nouvelle année 2016 tout en couleur et originalité renouvelée. En effet, intitulé «Entrée libre (Dakhla batel)», sa nouvelle exposition qui présente 25 peintures déclinées sous différents formats (moyen et grand) et ce, sur technique mixte, sur toile, laine mais aussi acrylique sur papier, mettent en scène un univers toujours coloré et festif, avec comme nouveauté le collage comme repère au niveau du cadrage et cette intrusion de petits signes comme des points qui enrichissent les tableaux. On retrouve ici et là les pieds rigolos si cher à l'artiste soit, nus ou chaussés, des poissons ou encore des plantes, des yeux, peut-être qui baignent dans cette atmosphère mirifique mi-fauve, mi-surréaliste de l'artiste, avec comme toile de fond le grotesque comme point de mire à une peinture qui respire la fraîcheur et l'humour. Certains tableaux nous font penser à du Picasso reconstruit ou revisité tant le corps est revu et corrigé selon une vision désarticulée où le corps se décline en forme de géométrie variable façonné au gré de l'inspiration de l'artiste. Ces déformations physiques concernent la bouche, les oreilles et bien d'autres parties du corps fragmenté qui se régénèrent dans un magma esthétique inventivement renouvelé avec ironie. Ici et là des protubérances corporelles. Il s'agit en fait d'anciennes peintures, qui sont disposées aux côtés de celles nouvelles, moins clownesques mais qui se révèlent dans cet éternel style abstrait et semi-abstrait, harnaché à une architecture cocasse à la fois plus recherchée mais nuancée aussi. Jaoudet travaille le détail. Sa quête de la mise en dérision de l'être humain est omniprésente tout comme son apparente déshumanité. Des oeuvres qui vous font travailler votre imaginaire et vous poussent à «voir» au-delà du figé car les figures picturales de Jaoudet Gassouma à l'allure désarticulée, sont des êtres qui privilégient la bougeotte. Sa peinture inspire au dialogue dynamique. Son trait marque le mouvement fin mais précis de l'artiste qui se plaît à reconstituer le monde selon sa vision tarabiscotée pour mieux cerner ses contours fait de travers et de logiques insensés. Dans l'expo de Jo tout est réfléchi en effet, de la peinture, aux titres des tableaux jusqu'à l'intitulé de l'expo lui-même. Certains titres cocasses tels «wiiii mars», «Anceintre», ou encore «Série 6» sont des clins d'oeil à notre société frénétique et moderne et sa course vers la consommation boulimique, ce que la peinture de Guassouma critique. Le titre lui, pour sa part, renvoie à l'état de gratuité de la galerie quand paradoxalement c'est le seul lieu qui n'invite pas le client du centre de Bab Ezzouart au marchandage. Ironie du sort, «Entrée libre» convie le public à franchir la porte sans la nécessité d'aller voir ce qu'il y a sur les étalages ou rayonnages des magasins pour remplir son couffin comme le reste des espaces à l'entour. Mais plutôt à se remplir plein les pupilles et à sourire essentiellement. Une idée cocasse et néanmoins originale qui appelle à penser l'art autrement. Cette exposition nous fera remarquer l'artiste, constitue une «transition» vers une autre plus grande qu'il est actuellement en train de préparer. Wait and see. Il est bon de noter que Jaoudet Gassouma n'est pas qu'artiste plasticien mais il est aussi journaliste, critique et écrivain qui s'adonne même à l'univers du 7e art. Ce qui fait beaucoup pour un seul homme. C'est que ce dernier crée non pas en s'amusant, mais en prenant au sérieux le divertissement qu'il s'échine à faire naître sous ses doigts car sa peinture en l'occurrence, tout compte fait n'est que ça finalement, une fulgurance néo-pop-art qui s'inspire sans nul doute de la réalité de notre quotidien pour en extraire ce qui peut nous faire rire et nous interpeller entre délicatesse et amusement! A noter que l'artiste animera une conférence à la galerie, samedi prochain à partir de 14h30.