Sa dernière exposition remonte à 2006. Cinq ans après, le plasticien Djaoudet Gassouma, connu pour sa peinture surréaliste, un mix entre la pop'art et l'urbain, gravitant autour d'un univers très particulier, à savoir la fragmentation, est de retour. Il sévit avec une exposition d'une soixantaine de tableaux, célébrant ainsi ses 21 ans de carrière. Le vernissage a eu lieu jeudi dernier à 17h, à la galerie Racim, attirant la foule des plasticiens de tout bord, des amis de l'artiste, des amoureux des arts plastiques… Intitulée Ouahed ou A3chrine, la nouvelle collection de Jaoudet Gassouma, fidèle à son style, est un florilège de couleurs, de signes, de figures dégingandées, de mouvement aérien et aéré. Des toiles bigarrées, peinturlurées, avec subtilité, sans démesure, même si c'est la première impression qui jaillit dès que le seuil de la galerie est franchi. Le regard est attiré par ce choc des couleurs, étalées sans retenue, conférant aux tableaux une dimension de complexité, voire d'incompréhension. Ce tiraillement est voulu, c'est la marque de fabrique de l'artiste : titiller la sensibilité du visiteur d'une part, et son mental d'autre part. Une incursion dans le psychisme. À l'exemple de Yemchi fe lili, la représentation est désarticulée, constituant un ensemble homogène faut-il le signaler. Et c'est le cas pour la majorité des toiles que des êtres insolites, venus tout droit d'un imaginaire débordant, “subissant” l'exagération de la représentation d'un artiste “déjanté”, envahissent. C'est avec une malice certaine que ces personnages sont déformés, désarticulés, exhibant une anatomie transformée, revêtant une apparence déroutante et amusante à la fois, mais ô combien réelle. Ces peintures, acrylique sur toile, expriment le regard ironique que Jaoudet Gassouma porte sur sa société. Une ironie empreinte de turbulence, de révolte, même si le sentiment de retenue et perceptible. Ouahed ou A3chrin … une escale picturale visible jusqu'au 15 mai 2011. Une halte de plus pour un artiste “fondamentalement frondeur, garnement à ses heures perdues”, avec une once de réserve.