Les murs de la galerie Racim sise à l'avenue Pasteur sont ornés jusqu'au 15 du mois de plus d'une soixantaine de peintures des plus déjantées. Des formes grotesques, des silhouettes désarticulées et une explosion de couleurs, pas de doute, nous sommes bel et bien devant une exposition de l´artiste plasticien déjanté, Jaoudet Gassouma, qui signe son grand retour. En effet, après 5 ans d´ absence, le voilà qui nous revient avec une nouvelle exposition célébrant ses 21 ans de carrière. Pour ce faire, les murs de la galerie Racim, sise à l´avenue Pasteur, sont ornés jusqu´au 15 du mois, de plus d´une soixantaine de peintures. Placé sous le signe de «Ouahed Ou Achrine», ces tableaux proposent à l´oeil du curieux et du profane, une vision de la réalité bien déformée. Des personnages disloqués constituent le fond de ces tableaux aux titres tout aussi déjantés que le sont ces créatures fantasmagoriques. Jaoudet Gassouma aborde un style particulier un peu réaliste, un peu pop-art, un peu urbain. Du rouge, du vert, du jaune, du violet, un vrai festival de couleurs habille les toiles de ce peintre qui se proclame néo pop-artiste. Des couleurs, mais aussi des dessins en noir et blanc, bien élaborés qui rendent compte de la technicité de l´artiste et son regard qui s´est encore affiné, affûté! Des portraits essentiellement, cette fois encore plus déformés aux titres bien ironiques comme M´tneh, M´ra ou encore Jazaïr-Massr. Après le stylo, vint le crayon puis le chevalet et... l´acrylique à gros renfort. «De la gaieté, de la joie», décrit le critique d´art, Mohamed Massen, questionné sur l´émotion que suscitent les peintures de Jaoudet Gassouma. C´est avec cette exposition «Ouahed Ou Achrine» (vingt et un) que Joe pour les intimes a choisi de fêter ses 21 années de carrière. «C´est aussi la moyenne d´âge de la population algérienne», insiste-t-il. Ces peintures expriment justement le regard «ironique», qu´il porte sur cette «population». Les titres de ces toiles le sont aussi: Tebki Dem, Ichoomar, J´nina, Nigroo Harragoo ou encore kool Eurs, Mauve it bougi Mejrouh le Qualb, Papicha I et II etc. A ces toiles aux titres saugrenus, viennent s´ajouter d´autres peintures sous x (sans titre). Des titres qui s´inspirent du langage courant de la rue, pour interpeller et faire mouche. Car en plus de l´image, les mots ont aussi leur pouvoir évocateur non négligeable, nous rappelle sans doute l´artiste. Jaoudet Gassouma lui-même avoue que sa peinture est le fruit de plusieurs influences, un peu à la Picasso, un peu à la N´débélé. «C´est aussi des influences visuelles, africaines et méditerranéennes, allant des dessins corporels des Massaï, aux décorations murales de l´Egypte ancienne, en passant par la robe de ma grand-mère (robe kabyle), avec ses couleurs flamboyantes», indique-t-il. Né en France en 1966, Jaoudet Gassouma a plusieurs cordes à son arc. Il est artiste-peintre, décorateur, critique d´art, et écrivain. Il a à son compte une quarantaine d´expositions en Algérie et à l´étranger. Il a édité son premier roman, Zorna, en 2004, et le second La Kabylie, au-delà des montagnes, des hommes, en 2011. La critique d´art, Mordjana Chaouch, décrit Jaoudet Gassouma comme «un être étrange». Elle s´interroge comment une personne «aussi hybride, née en France avec des origines turques et kabyles, un peu Tunisien et très Algérien, peut-t-il avoir des limites dans la création». Parlant de sa peinture, elle indique: «Les personnages déstructurés de Jaoudet Gassouma, se cherchent, mais ils ne se reconstruisent pas dans leur morphologies pourtant éparses, il n´est pas question de désarroi et de doute. Les figures fortement colorées s´affirment, elles poursuivent leur chemin dans un malstrom de détails qui osent autant d´indices formels de cet artiste qui se raconte par bribes sur des techniques mixtes provocantes, jamais linéaires, même si elles favorisent la seconde dimension pour des raisons intimes. Elles déclarent pourtant un intérêt accru pour ce monde informe, diffus et fou qui nous entoure.»