«On est en train de se diriger vers la même crise qui frappe la Grèce» Accusant l'Occident et l'Arabie saoudite de tisser un complot contre les pays producteurs et exportateurs de pétrole, le Parti des travailleurs considère que des Algériens concourent à ce «complot». Lors d'un meeting qu'elle a organisé hier à la salle de cinéma Sierra Maestra à Alger, Louisa Hanoune, analysant la chute continue des prix du pétrole, qui se répercute d'une manière spectaculaire sur les économies déjà précaires des pays producteurs et exportateurs, elle a pointé du doigt les Occidentaux, notamment les USA et la Grande-Bretagne, ainsi que leur allié moyen-oriental, l'Arabie saoudite, qu'elle accuse d'avoir tramé un complot pour mettre à genoux ces pays. «Il est vrai que la consommation des hydrocarbures a baissé en raison de la crise économique qui secoue le monde, mais il y a un complot qui se trame contre les pays producteurs et exportateurs de pétrole», a-t-elle affirmé. Néanmoins, malgré l'ampleur de la crise, la patronne du PT considère qu'il est toujours possible de lutter contre ses effets pervers et protéger l'économie et la souveraineté nationales, tout en précisant que ce que fait le gouvernement est «dicté par le pouvoir parallèle qui s'est emparé des centres de décision et dont les orientations sont dictées de l'extérieur». En effet, pour elle, «la conversion des réserves de changes en or, valeur sûre», «la lutte contre l'évasion fiscale», «l'abolition de l'Accord d'association avec l'Union européenne» et «la récupération des cadeaux fiscaux offerts aux prédateurs» peuvent être un bon pas en matière de règlement de la crise. Toutefois, elle persiste et signe: la révision de la loi de finances 2016 reste une priorité pour la sauvegarde de la souveraineté nationale. Abordant les campagnes de dénigrement menées à son encontre et à l'encontre de son parti, «le retournement de veste» d'un député de son parti, elle a dénoncé «des campagnes mafieuses qui ciblent tous ceux qui alertent sur les dangers qu'encourt le pays à cause des néo-harkis». Cependant, le Parti des travailleurs se dit confiant en l'avenir et fait confiance à «la combativité des Algériennes et des Algériens», a laissé entendre la dame forte du trotskisme algérien. «Beaucoup de processus de combativité ont été enclenchés dans toutes les régions du pays. Un processus de décantation générale est en train de s'opérer», a-t-elle assuré, optimiste. Revenant sur la LF 2016, elle a réitéré ses critiques habituelles en la qualifiant «d'antisociale» et d'antinationale». Néanmoins, cette fois-ci, elle a surtout pointé du doigt l'article 59 de cette loi qui autorise l'endettement extérieur des entreprises. «L'article 59 de la LF 2016 autorise l'endettement extérieur des entreprises installées en Algérie, y compris les entreprises étrangères et privées. Et le garant, c'est le Trésor public. Cet article met l'Etat en danger. On est en train de se diriger vers la même crise qui frappe la Grèce», a-t-elle analysé en soulignant que «la crise étant algérienne, c'est aux Algériens de la régler». De plus, a-t-elle insisté, «la LF 2016 pousse vers un point de rupture entre le pouvoir et le peuple». «La situation que traverse l'Algérie actuellement est plus grave que celle qui a précédé la chute de Ben Ali et de Moubarak en Tunisie et en Egypte. La consommation a reculé et les prix sont en train d'augmenter. On va aller vers une récession et la faillite de plusieurs entreprises publiques et privées. Le chômage va aussi augmenter: les chiffres de l'ONS l'ont déjà démontré», a-t-elle prévenu en accusant le gouvernement de vouloir faire payer la crise aux classes dévoratrices et d'engraisser «les copains et les coquins». Et pour étayer ses propos, Louisa Hanoune n'a pas hésité à tirer à nouveau sur son vieil «ennemi intime», Ali Haddad, en citant «une information colportée par un journal électronique» selon laquelle, le patron de l'Etrhb aurait sollicité un crédit de 1,6 milliard de dollars à la Banque nationale d'Algérie» et qu'il a donné comme seule garantie «830 marchés publics», chose qu'elle qualifie de gravissime». «Le gouvernement est en train de donner des cadeaux à une minorité de prédateurs alors qu'il dit à la majorité du peuple algérien qu'elle doit supporter ses politiques d'austérité. L'exemple du chef du FCE est édifiant dans ce sens. Il n'y a pas eu de démenti de sa part, ni de la part de la BA, donc c'est vrai», a-t-elle tonné sous les cris de ses militants et sympathisants scandant, dans une ambiance de transe: «Qassaman, qassaman, on ne se taira pas devant la mafia!» avant d'ajouter: «Aujourd'hui, les deux camps qui s'affrontent sont identifiés: les néo-harkis et la mafia d'un côté et la majorité du peuple algérien de l'autre côté. La responsabilité de sauver le pays incombe donc à toutes les consciences vives de la nation.» Et pour la porte-parole du PT, la mobilisation de tous les Algériens est possible et elle n'en veut pour preuve que l'élan de sympathie suscité par le décès d'Ait Ahmed à l'échelle nationale. «La mobilisation populaire suscitée par le décès de Hocine Ait Ahmed, un révolutionnaire et un militant authentique, est un indice majeur de l'attachement indéfectible du peuple algérien à la démocratie, aux valeurs de la Révolution algérienne et à la souveraineté nationale.»