Des députés qualifient le projet de loi de finances 2016 de bombe à retardement. Des députés du FFS, du MSP et indépendants ont appelé le gouvernement à «démissionner», puisqu'il a prouvé son latent échec non seulement sur le plan politique, mais surtout sur celui économique. Intervenant lors des débats autour du projet de loi de finances 2016, Mustapha Bettatache, du FFS, invite l'Exécutif à arrêter de mentir au peuple algérien et à «rendre son tablier». «Durant 50 ans, le pouvoir n'a pas pu diversifier son économie et aujourd'hui, en quelques mois, il veut renverser la donne. Le gouvernement doit admettre et avouer son échec», lance le député qui pense que la crise évoquée par le gouvernement n'est pas due seulement à la baisse des cours du pétrole. «Le problème est beaucoup plus profond, notre économie est en crise. Depuis 1962, nous parlons de crise économique, mais qu'est-ce que l'Etat a fait pour remédier à cette situation ? Rien», lance l'élu du FFS qui regrette que le seul perdant, compte tenu des nouvelles dispositions de la LF 2016, est le citoyen. M. Bettatache critique également le rendement de l'APN, qu'il qualifie de «simple chambre d'enregistrement». «Aujourd'hui, le citoyen n'attend rien des députés car il sait pertinemment que nous n'avons pas le courage ni la volonté de renverser la tendance. Nous sommes un poids pour la société et pour le Trésor public», déplore-t-il. Plusieurs députés du FLN ont osé critiquer le contenu du projet en se demandant si le gouvernement est conscient des conséquences si le texte venait à être approuvé dans sa version officielle. «Est-ce que le gouvernement veut provoquer une explosion sociale, dont le pays s'est prémunie jusqu'ici», s'est interrogé un élu du FLN. Les députés Benkhalef et Naâmane, de l'Alliance de l'Algérie verte, ont déclaré que le projet de loi de finances 2016 est «le plus dangereux que l'Assemblée ait eu à connaître». «Ce projet porte le cachet des détenteurs de l'argent sale. C'est un prétexte pour l'instauration d'un nouveau système féodal et pour l'édification d'un capitalisme sauvage», note Naâmane. et d'ajouter : «Au lieu de sanctionner les riches, le gouvernement sanctionne le simple citoyen.» Les élus du PT étaient aussi très virulents. Rachid Khan, député de cette formation, qualifie ce texte de «véritable bombe à retardement». «Ce projet ne reflète pas les orientations et les choix du président de la République qui ont été exprimés dans les deux dernières lois de finances.» A qui profite donc cette loi ? Le député pense qu'elle est «réfléchie et mise en œuvre pour l'intérêt de l'oligarchie. En fait, le gouvernement a tendu la main à la mafia et sanctionné le peuple». Il n'a pas ménagé le ministre de l'Industrie qu'il accuse de favoriser les opérateurs français. Mohamed Touhami, de la même formation, accuse le gouvernement de légiférer pour des «personnes» et non pour des «cas». Les députés du parti dirigé par Louisa Hanoune ont tiré à boulets rouges sur le premier argentier du pays et le ministre de l'Industrie qu'ils attaquent de favoriser les opérateurs français. Par ailleurs, Chihab Seddik, du RND, estime que les augmentations en question ne toucheront pas la classe moyenne, mais les grands consommateurs. «Les subventions seront maintenues et les transferts seront augmentés par rapport à 2015. Le pays travers une crise et le gouvernement n'a pas décidé d'augmenter le prix du lait ni du pain, pour ne pas pénaliser le citoyen», note le député du RND.