Profitant de l'absence des services de sécurité qui ne peuvent pas être partout à la fois, les criminels agissent en plein jour et très souvent par petits groupes. Après une décennie marquée par un terrorisme aveugle qui a coûté la vie à des milliers de personnes aux quatre coins de l'Algérie, voilà que l'on assiste depuis quelque temps à une autre forme de criminalité qui prend de plus en plus d'ampleur. Le banditisme, la petite criminalité et la criminalité tout court, notamment dans la capitale, ont atteint des proportions alarmantes, voire carrément dangereuses pour la cohésion sociale. Peut-on aujourd'hui être à l'abri d'une agression, souvent par des «mineurs», et se faire «arracher» son portable, son poste radio ou son argent ? Il ne se passe pas un jour où homme, femme, vieillard...ne soient pas victimes d'agression et de vol. Les commissariats et les brigades de gendarmerie sont submergés de plaintes de citoyens qui n'ont d'autre recours que de s'adresser aux autorités dans l'espoir de retrouver leur bien ou juste pour demander protection. Profitant de l'absence des services de sécurité qui ne peuvent pas être partout à la fois, les criminels agissent en plein jour et très souvent par petits groupes. Leurs armes pour le moment se limitent à des couteaux, des petits canifs et parfois même de simples «coupe-ongles». Peu importe, pourvu que l'on fasse peur à sa victime, puis sous la menace, on subtilisera ses objets de valeur, au su et au vu de tout le monde. le plus préoccupant réside justement là: la «passivité» des gens quand ils assistent en spectateurs à l'agression de leurs semblables. Par peur, mais très souvent par lâcheté, beaucoup de gens ne lèvent même pas le petit doigt pour venir en aide à une femme ou un vieillard qui se fait «braquer» et parfois «balafrer» pour quelques billets de banque. Le plus troublant également, c'est que le nombre de mineurs impliqués dans les affaires de crime organisé a augmenté de 75%, ces dernières années, d'après un bilan de la Gendarmerie nationale. Accros à la drogue, ces «mineurs», qui ont vécu leur enfance à l'ombre du terrorisme et qui ont basculé d'une manière ou d'une autre dans la «criminalité», s'attaqueraient jusqu'aux parents pour pouvoir se procurer cette substance : un joint, des psychotropes ou, plus récemment, de la cocaïne qui a fait son apparition dans l'Algérois et dans les grandes villes du pays. Selon le bilan de la Gendarmerie nationale, toutes les formes du crime organisé ont connu une hausse significative durant l'année 2003. 1810 affaires relevant du trafic de drogue ont été traitées par les services de la gendarmerie durant la même année, soit une augmentation de l'ordre de 14%. Concernant justement le trafic de drogue, il est formellement établi que 99% de la drogue saisie par les services de sécurité proviennent de l'Ouest et que toutes les filières remontent au Maroc. Pis, d'après des spécialistes, la drogue destinée à l'Algérie est, semble-t-il, «dopée» par des produits hallucinogènes qui provoquent la désorientation de la quasi-totalité des facultés de l'être humain. Partant de ce constat, l'on est en droit de se demander si ce ne sont pas les jeunes Algériens qui sont directement visés par cette drogue «spéciale» dans le but apparent d'éclater la cellule familiale, et surtout porter un coup à la cohésion sociale. Cette thèse est d'autant plus plausible si on revient un peu en arrière, notamment lors des événements de Kabylie. Un fait qui n'a jamais été porté à la connaissance du public a eu lieu en 2002, dans le village de Feraoun, daïra d'Amizour (Béjaïa). En effet, ce jour-là, les émeutes faisaient rage. Un jeune à bord de sa voiture de marque Audi 80 est allé défoncer le portail de la gendarmerie locale sans se soucier un seul instant de sa vie. Grièvement blessé, il a été transporté à l'hôpital pour être soigné. Après analyse de son sang, il s'est avéré que le jeune en question avait consommé cette «drogue hallucinogène» qui vous donne des ailes et vous procure des sensations d'invulnérabilité. Tout cela reste bien évidemment à méditer sérieusement. Cela dit, il est clair que la lutte antiterroriste a nécessité la mobilisation d'une grande partie des forces de sécurité, laissant ainsi le champ libre à l'émergence de la criminalité sous toutes ses formes. Le terrorisme vaincu au prix d'énormes sacrifices, le gouvernement algérien veut actuellement réorienter le travail des services de l'ordre vers la lutte contre le banditisme. Cela bien sûr, comme du temps du terrorisme, ne peut être efficace à 100% sans le concours des citoyens, mais surtout avec l'instauration et l'élaboration de nouvelles lois qui permettraient aux services de sécurité d'être opérationnels n'importe où et à n'importe quel moment. Les contraintes liées aux perquisitions et les gardes à vue qui ne dépassent pas les 48 heures devraient être revues dans des cas où les indices sont plus que troublants. Selon les spécialistes, l'adaptation des textes réglementaires est une nécessité absolue pour être efficient devant ce phénomène alarmant de la criminalité en Algérie, qui a germé à côté du terrorisme. Cela est d'autant plus urgent concernant le cas des mineurs, ces «petites frappes» protégées par les lois à cause de leur âge et qui, pourtant, sèment la terreur dans les rues, dans les marchés et tous les lieux publics devenus, au fil du temps, un véritable «coupe-gorge» pour les familles en quête de détente ou simplement pour les passants qui ont le malheur de passer par là.